Introduction

Antigone , prise sur le fait , a été traînée devant Créon par le garde tout heureux de trouver un coupable pour échapper à la colère du Roi, et d'expliquer avec détails les circonstances de sa capture.
Créon, incrédule, interroge alors Antigone:

"Et toi, toi qui restes là, tête basse, avoues-tu ou nies-tu le fait?"

C'est mal connaître Antigone que d'attendre d'elle qu'elle plaide innocente; bien au contraire, la digne fille d'Oedipe, comme le reconnaîtra le choeur, affirme sa pleine responsabilité:

"Je l'avoue et n'ai garde, certes, de le nier."

Le spectateur entend monter la colère de Créon, Créon qui préfèrant se débarrasser de témoins gênants chasse le garde. Resté seul avec Antigone, Créon ose encore croire en l'innocence de sa nièce:

"Et toi, maintenant, réponds-moi, sans phrases, d'un mot. Connaissais-tu la défense que j'avais fait proclamer?"

Créon aimerait entendre un "non" timide mais Antigone lui répond haut et fort:

"Oui, je la connaissais: pouvais-je l'ignorer? elle était des plus claires."

L'ironie de sa réponse est facilement perceptible, montrant par là- même la vanité des efforts de Créon. Celui-ci exprime alors, dans une incrédulité manifeste qui révèle combien à ses yeux un tel acte n'est même pas imaginable, toute sa colère:

"Ainsi tu as osé passer outre à ma loi?"

Le mot νόμους est placé à la fin du vers, révélant ainsi toute sa force et toute la gravité du geste d'Antigone: elle est hors-la-loi; le duel peut alors prendre tout son sens...