traduction du texte

Voici une traduction tirée de : Histoire universelle de Justin EXTRAITE DE TROGUE POMPÉE, TRADUCTION NOUVELLE, PAR JULES PIERROT,

Arrivée sur les côtes d'Afrique, Élissa recherche l'amitié des habitants, qui voyaient avec joie, dans l'arrivée de ces étrangers, une occasion de trafic et de mutuels échanges. Ensuite elle acheta autant de terrain qu'en pouvait couvrir une peau de boeuf, pour assurer jusqu'à son départ un lieu de repos à ses compagnons fatigués d'une si longue navigation ;puis,faisant couper le cuir en bandes très étroites, elle occupe plus d'espace qu’elle n'en avait paru demander. De là vint plus tard à ce lieu le nom de Byrsa. Attirés par l'espoir du gain, les habitants des contrées voisines accourant en foule pour vendre leurs denrées à ces hôtes nouveaux, ils s'établissaient parmi eux, et leur nombre toujours croissant donna bientôt à la colonie l'aspect d'une ville. Les députés d'Utique, retrouvant en eux des frères, vinrent leur offrir des présents et les presser de fonder une ville dans le lieu que le sort venait de leur donner pour asile. Les Africains voulurent aussi retenir ces étrangers parmi eux. Ainsi, du consentement de tous, Carthage est fondée ; un tribut annuel est le prix du terrain qu'elle occupe. En commençant à creuser ses fondements, on trouva une tête de boeuf qui présageait un sol fécond, mais de difficile culture, et un esclavage éternel ; on alla donc élever la ville sur un autre terrain : en le creusant, on y trouva une tête de cheval, symbole de valeur et de puissance, qui semblait consacrer le siège de la cité nouvelle. Attirés par la renommée, de nombreux habitants vinrent bientôt la peupler et l'agrandir.
VI. Déjà Carthage était riche et puissante, lorsqu'Hiarbas, roi des Maxitains, ayant appelé près de lui dix des principaux Carthaginois, leur demanda la main d'Elissa, sous menace de la guerre. Les députés n'osant rapporter ce message à la reine, ont recours, pour la surprendre, à l'astuce carthaginoise. Le roi, disaient-ils, voudrait que l'un d'eux vînt civiliser les Africains et leur roi ; mais qui pourra consentir à s'éloigner de ses frères pour aller partager la vie sauvage de ces barbares? La reine leur répond par des reproches : craindraient-ils de sacrifier les douceurs d'une vie tranquille au salut de cette patrie, à laquelle ils devraient, au besoin, sacrifier leur vie elle-même. Ce fut alors qu'ils lui rendirent compte des volontés du roi, en ajoutant que, pour sauver Carthage, elle devait suivre elle-même les conseils qu'elle venait de donner. Surprise par cet artifice, Élissa, baignée de larmes, et poussant des cris plaintifs, invoqua longtemps le nom de son époux Acerbas ; enfin elle promit d'aller où l'appelaient les destins de Carthage. Elle prend un délai de trois mois, fait élever aux portes de la ville un vaste bûcher, immole de nombreuses victimes destinées, dit-elle, à apaiser les mânes de son époux et à expier son nouvel hymen ; puis, armée d'un poignard, elle monte sur le bûcher, et se tournant vers le peuple : "Docile à vos désirs, dit-elle, je vais me joindre à mon époux ! " et elle se perce le sein. Tant que Carthage fut invincible, Élissa reçut les honneurs divins.