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Pline l'Ancien (23- 79 ap J.C) Histoires Naturelles XXXVI 20- 24, 28

"Nous avons cité parmi les bronziers l'époque à laquelle vécut Praxitèle qui se surpassa lui-même par la gloire qu'il acquit en travaillant le marbre. Ses oeuvres se trouvent à Athènes au Céramique, mais au-dessus de toutes les oeuvres, non seulement de Praxitèle, mais de toute la terre, il y a sa Vénus: beaucoup ont fait la traversée de Cnide pour la voir. Il en avait fait deux et les vendait dans le même temps, l'une enveloppée d'un drapé, que préférèrent pour cette raison ceux qui étaient originaires de Cos, la trouvant sévère et pudique, lorsqu'il la leur proposa au même prix; les Cnidiens achetèrent celle qu'ils avaient rejetée et qui devint bien plus célèbre. Plus tard, le roi Nicomède, voulant l'acheter aux Cnidiens, promit de rembourser toutes les dettes de la cité, qui étaient immenses. Mais eux préférèrent les supporter entièrement, et non sans raison; car par cette statue, Praxitèle rendit Cnide célèbre. L'abri dans lequel elle se trouve est entièrement ouvert, afin que l'on puisse voir la statue de toutes parts, ce qui fut fait, croit-on, avec l'aide de la déesse. L'admiration est la même de tous les côtés. On raconte qu'un homme, épris d'amour pour elle, se cacha pendant la nuit, s'unit à la statue et laissa une tache comme trace de son désir. A Cnide, il y a aussi d'autres statues de marbre dues à des artistes célèbres: un Liber Pater de Bryaxis, un autre de Scopas, ainsi qu'une Minerve, et il n'est pas d'autre meilleure illustration de la gloire de la Vénus de Praxitèle que de la voir mentionnée seule parmi ces oeuvres. Du même artiste est un Cupidon, dont Cicéron fit grief à Verrès, pour lequel on visitait Thespies. Il est à présent exposé dans le Portique d'Octavie. Du même, il y a un autre Cupidon, nu, qui se trouve à Parion, colonie sur la Propontide, qui égalait la Vénus de Cnide par son renom et par l'offense: car Alcétas de Rhodes en tomba amoureux et laissa sur lui la même marque d'amour. Les oeuvres de Praxitèle à Rome sont les suivantes: Flore, Triptolème, Cérès, dans les Jardins de Servilius, les statues de Bonus Eventus et de la Bonne Fortune sur le Capitole, et encore des Ménades, et celles qu'on appelle les Thyiades, les Caryatides et les Silènes dans le monument d'Asinius Pollion, Apollon et Neptune. Céphisodote, fils de Praxitèle, hérita de son talent. Célèbre est à Pergame son "symplegma" (groupe enlacé) dont il est plus vrai de dire que les doigts s'enfoncent dans la chair que dans le marbre. Il y a de lui à Rome une Latone dans le sanctuaire du Palatin, une Vénus dans le monument d'Asinius Pollion et, à l'intérieur du Portique d'Octavie, dans le temple de Junon, un Esculape et une Diane.

De même, on hésite à dire si les enfants mourants de Niobé, qui sont dans le temple d'Apollon Sosianus, sont de la main de Scopas ou de Praxitèle; même hésitation entre les deux pour le Janus Pater dédié dans son temple par Auguste qui l'avait ramené d'Egypte, et aujourd'hui dissimulé sous l'or. On se pose semblable question pour le Cupidon tenant le foudre qui orne la Curie d'Octavie. On peut seulement affirmer qu'il représente Alcibiade, le plus beau à cet âge."