Traduction

A la statue d'adolescent. Tu as vu sur l'Acropole (d'Athènes) le jeune homme, que Praxitèle a installé, ou dois-je te présenter cette oeuvre d'art? C'était un garçon délicat et jeune en regard de la souplesse et de la jeunesse imprimés au bronze par l'art; il était plein de grâce et de désir, et montrait la fleur de la jeunesse. On pouvait voir que tout changeait par la volonté de l'art. Il était délicat par sa substance opposée à la tendresse, privé d'humidité, il tendait vers l'humidité, et le bronze tout entier dépassait les limites de sa nature, pour se transformer en une véritable forme. Sans aucun souffle, il revêtait l'animé, ce que sa matière n'aurait pas permis; il ne possédait rien par nature, c'est l'art qui procurait à tout l'existence. Il partageait avec ses joues la rougeur, ce qui était inattendu, le bronze engendrant le rouge, et il irradiait la fleur de l'âge enfantin; les boucles de sa chevelure rejoignaient ses sourcils. Il couronnait sa chevelure d'un bandeau et écartait par ce diadème ses cheveux de ses sourcils, gardant son front libre de boucles. Quand nous examinâmes en détail cette oeuvre et les artifices qu'elle emploie, nous étions incapables de parler. Car le bronze montrait la chair lisse et brillante, et s'accordait à l'imitation des cheveux, enroulant tantôt en boucles les mèches frisées, tantôt déployant la chevelure répandue sur le dos, tantôt courbant le modelage et le laissant suivre la courbe, tantôt changeant les éléments pour les rendre tendus. Le regard était plein de désir mêlé à la pudeur, rempli de grâce aphrodisiaque. Le bronze savait rivaliser avec l'amour, et suivait la volonté d'orgueil de la statuette. Malgré son immobilité, l'éphèbe semblait en mouvement et s'apprêter à la danse.