Introduction

Lucrèce, Titus Lucretius Carus, est un philosophe du Ier siècle av. J.-C. Sa vie ne nous est que fort peu connue. Il est l'auteur de De rerum natura, un long poème dans lequel il explique le monde selon les principes de son maître grec Epicure.

On a souvent rapporté ces quelques lignes de Saint- Jérôme consacrées à la biographie de Lucrèce :

« Le poète Titus Lucretius naît. Rendu fou par un philtre d'amour, il rédigea dans ses moments de lucidité quelques livres que Cicéron corrigea par le suite. Il se donna la mort dans sa quarante-quatrième année. »

Tout un programme ! Ces mots témoignent surtout de la haine que le christianisme voue à l'épicurisme...

Son oeuvre, dédiée à l'aristocrate Memmius, est composée de six chants, rédigée en hexamètres dactyliques. Il s'agit d'un exposé de la théorie d'Epicure. Nous vous invitons à lire la présentation que fait J. Poucet de Lucrèce et de son oeuvre.

Lucrèce reprend les constats épicuriens : l'homme est malheureux, rongé par l'angoisse de sa propre mort à venir, il en vient même à imaginer des dieux pour donner un sens à sa vie... En expliquant à l'homme la réalité de sa nature, du monde physique dans lequel il vit, le philosophe l'aidera à mettre fin à ses angoisses, nées de la méconnaissance, de l'ignorance de ce qu'il est. Lucrèce, dans son oeuvre, selon un cheminement précis, s'applique ainsi à expliquer l'homme, le monde, la perception que l'homme a du monde.

"Le titre de l'oeuvre de Lucrèce, De natura rerum ( littéralement : "De la nature des choses" ), traduit le titre grec de l'ouvrage perdu d'Épicure : Πέρι φύσεως ("De la nature"), sur la physique, où le philosophe étudiait, en 37 livres, la genèse et la constitution des êtres, soit inanimés, soit animés.

Le mot rerum, qui complète natura, reflète la tendance romaine au concret. En latin, le mot natura, par son rattachement à nasci ("naître", "être mis au monde"), envisage autant l'idée de l'ordre atteint, de la constitution réalisée, que celle de la formation progressive, de la venue au monde des êtres et des choses." (J.Poucet)

Dans le livre V, Lucrèce s'emploie à montrer que le monde n'est aucunement d'essence divine, qu'il a eu un commencement et qu'il aura une fin. Il en vient alors à évoquer ce que fut la vie des premiers hommes, après la création du monde :

"De même que la plume, le poil, les crins et les soies sont les premiers à se former sur les membres des quadrupèdes et sur le corps des oiseaux, ainsi la jeune terre commença par produire les herbes et les arbrisseaux et ne créa qu'ensuite les êtres vivants, mais en grand nombre et par espèces diverses. Les animaux en effet ne sont pas tombés du ciel et les êtres terrestres n'ont pas surgi de l'onde salée. Il faut donc reconnaître qu'à juste titre la terre a reçu le nom de mère, puisque c'est de la terre que toutes créatures sont nées. Combien d'êtres vivants aujourd'hui encore se forment au sein de la terre, engendrés par l'eau des pluies unie à la chaleur du soleil ! Il n'est donc pas étonnant qu'il en soit né de plus nombreux " (V, 789...)