VERSION

Horace dans cet extrait évoque les malheurs de son temps, invitant ses contemporains, marqués par les drames des guerres civiles, à quitter le pays natal pour gagner ces îles mythiques où prennent réalité les rêves et les espoirs de chacun et où l'on prétendait qu'étaient accueillies après leur mort les âmes des justes.

 

Vos, quibus est uirtus, muliebrem tollite luctum,

Etrusca praeter et uolate litora.

Nos manet Oceanus circum uagus: arua beata

petamus, arua diuites et insulas,

reddit ubi cererem tellus inarata quotannis

et inputata floret usque uinea,

germinat et numquam fallentis termes oliuae

suamque pulla ficus ornat arborem,

mella caua manant ex ilice, montibus altis

leuis crepante lympha desilit pede.

Illic iniussae ueniunt ad mulctra capellae

refertque tenta grex amicus ubera

nec uespertinus circumgemit ursus ouile

nec intumescit alta uiperis humus;

pluraque felices mirabimur, ut neque largis

aquosus Eurus arua radat imbribus,

pinguia nec siccis urantur semina glaebis,

utrumque rege temperante caelitum.

Non huc Argoo contendit remige pinus

neque inpudica Colchis intulit pedem,

non huc Sidonii torserunt cornua nautae,

laboriosa nec cohors Vlixei.

Nulla nocent pecori contagia, nullius astri

gregem aestuosa torret impotentia.

Iuppiter illa piae secreuit litora genti,

ut inquinauit aere tempus aureum,

aere, dehinc ferro durauit saecula, quorum

piis secunda uate me datur fuga.

Vous, en qui est la vertu, dédaignez les lamentations efféminées et volez loin des rivages Étrusques. L'Océanus qui entoure le monde nous attend.(...) Que de choses nous admirerons, heureux! Jamais l'humide Eurus ne creuse le sol de ses pluies; les grasses semences ne sont point brûlées dans les sillons desséchés, tant le roi des Dieux y tempère l'une et l'autre saison. La nef Argo n'approcha point de ce lieu à l'aide de l'aviron; jamais l'impudique Colchidienne n'y posa le pied; les matelots Sidoniens n'y tournèrent point leurs antennes, ni les patients compagnons d'Ulyssès. Jupiter a réservé ces rivages aux races pieuses, quand il souilla d'airain l'âge d'or. Après l'airain il fit les siècles de fer, auxquels, selon ma prophétie, les hommes pieux échapperont par une fuite heureuse.

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