TEXTE 2 : L'ILIADE, VI, (vers. 407-429)

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"Démon, ton ardeur te perdra ! Tu n'as pitié ni de
ton jeune enfant, ni de moi, infortunée, qui bientôt
serai veuve de toi. Car bientôt ils te tueront, les Achéens,
en se jetant tous contre toi. Pour moi, mieux vaudrait,
si je te perds, m'enfoncer sous la terre; car je n'aurai
plus de joie, quand tu auras atteint ton destin, rien que
des douleurs. Je n'ai plus ni père, ni mère vénérable. Mon
père, le divin Achille l'a tué; il a saccagé la ville bien
située des Ciliciens, Thèbe aux portes hautes; il tua Eétion,
mais ne le dépouilla pas : un scrupule le retint. Il brûla
donc son corps avec ses belles armes, et éleva sur lui un
tertre; tout autour ont planté des ormeaux les nymphes
des montagnes, filles de Zeus porte-égide. J'avais sept
frères dans le palais; tous, en un seul jour, sont allés chez
Adès; tous, en effet, le divin Achille aux pieds rapides les
a tués, près de leurs boeufs aux jambes tordues et de leurs
brebis blanches. Ma mère, qui régnait au pied du Placos
boisé, il l'amena ici avec le reste du butin, puis il la délivra
contre une rançon immense; et, dans le palais de
son père, Artémis, qui répand les flèches, l'a frappée.
Hector, tu es pour moi un père, une mère vénérable, un
frère, tu es pour moi un mari florissant. Eh bien, maintenant,
aie pitié; reste ici, sur le rempart, de peur de
rendre ton enfant orphelin et ta femme veuve. Place
tes troupes près du figuier, là où surtout la ville est
accessible, et où le mur peut être escaladé. Trois fois
déjà, sur ce point, les plus braves sont venus tenter
l'assaut, — ceux qui entourent les deux Ajax et l'illustre
Idoménée, les Atrides et le valeureux fils de Tydée, —
soit instruits par un devin clairvoyant, soit poussés,
excités par leur propre courage. »