Introduction

Créon n'a pu fléchir Antigone; chacun au cours de ce duel a gardé le verbe haut et a campé dans l'intransigeance de sa position, hostile à toute négociation.

Antigone s'est exclamée,

"Je suis de ceux qui aiment, non de ceux qui haïssent."

Créon lui a répondu, mettant ainsi un terme à cet échange vif et hostile,

"Eh bien donc, s'il te faut aimer, va-t'en sous terre aimer les morts! Moi, tant que je vivrai, ce n'est pas une femme qui me fera la loi."

Les lamentations d'Ismène n'émeuvent ni Antigone, ni Créon , tous les deux curieusement "unis" dans le même mépris pour celle qui a choisi, trop tard :

Antigone à Ismène: Ne t'inquiète donc pas: tu vis! Ma vie, depuis longtemps j'y ai, moi, renoncé, afin d'aider les morts.

Créon: Ces deux filles sont folles, je le dis bien haut. L'une vient à l'instant de se révéler telle. L'autre l'est de naissance."

Le Coryphée résume alors le verdict,

"Ah! la mort est pour elle bien décidée, je crois!"

avant que le choeur n'entame une longue lamentation sur l'orgueil démesuré des hommes.

Hémon entre alors en scène, le visage marqué par la douleur. Le père et le fils échangent, en deux longues tirades, des arguments contradictoires, sur la question essentielle qu'a posé la rébellion d'Antigone:

"Créon: Alors j'offense la justice quand je fais mon métier de roi?

Hémon: Est-ce faire métier de roi que de fouler aux pieds les honneurs dus aux dieux?"

Le ton monte et, seul, Créon, aveuglé par la rage, ne comprend pas les paroles pourtant lourdes de sens que prononce son fils avant de quitter la scène:

"Ah! cela, non! Non, non, ne le crois pas. Non, jamais elle ne mourra ici même, devant moi. Et jamais, toi non plus, tu ne verras de tes yeux mon visage. Donne ta folie en spectacle à tes courtisans!"

Créon s'est suffisamment emporté pour être capable de prononcer désormais le décret insoutenable:

"Je la mènerai en un lieu délaissé par les pas des hommes et l'enfermerai toute vive au fond d'un souterrain creusé dans le rocher, en ne laissant à sa portée que ce qu'il faut de nourriture pour être sans reproche, nous, à l'égard des dieux et épargner ainsi une souillure à Thèbes."

Créon sort; commence alors entre le choeur et Antigone qui marche vers son destin un long chant plaintif... La fille d'Oedipe pourtant retrouve son calme devant Créon qui se pose soudainement devant elle, elle lui adresse alors ce dernier , ou presque, discours...