Commentaire

Voici deux extraits, l'un de l'Antigone de Bauchau et l'autre de l'Antigone d'Anouilh; confrontez ces images d'Antigone à celle que nous en donne Sophocle dans l'extrait étudié.Vous pouvez également commenter la noblesse de la sculpture de G. Anthonisen ici représentée.

Toute à son indignation, Ismène n'aperçoit pas le danger et je vois déjà se former sur ses lèvres le refus méprisant qui va entraîner sa perte.
Il ne faut pas que sa réponse soit possible, et mon corps, bien avant moi, sait ce qu'il faut faire. Il se jette à genoux et, le front sur le sol, extrait de la terre elle-même un non formidable. C'est un cri d'avertissement et de douleur qui brise la parole sur les lèvres d'Ismène. C'est le non de toutes les femmes que je prononce, que je hurle, que je vomis avec celui d'Ismène et le mien. Ce non vient de bien plus loin que moi, c'est la plainte, l'appel qui vient des ténèbres et des plus audacieuses lumières de l'histoire des femmes. Ce non frappe de face le beau visage et mufle d'orgueil de Créon. Il ébranle la salle, déchire les habits de pierre des grands juges et disloque le troupeau des sages.

 

"Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent au cartes. Le Prologue se détache et s'avance.

LE PROLOGUE Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout… Et, depuis que ce rideau s'est levé, elle sent qu'elle s'éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous qui sommes la bien tranquille à la regarder, de nous qui n'avons pas à mourir ce soir. Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l'heureuse Ismène, c'est Hémon, le fils de créon. Il est le fiancé d'antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et de jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi car Ismène est bien plus belle qu'Antigone, et puis un soir, un soir de bal ou il n'avait dansé qu'avec Ismène, un soir ou Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouvé Antigone qui rêve dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d'être sa femme. "

 

 

 

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