Annus mirabilis...

Newton en la seule année 1665-1666 publiait des travaux dans différents domaines, en mathématiques, en optique et en mécanique, qui annonçaient déjà l’ensemble de son œuvre. Toutefois, sa théorie de la gravitation ne connut sa formulation définitive que plusieurs années plus tard, lors de la publication des Principes mathématiques de la philosophie naturelle, les Principia, dont la première édition en latin parut en 1687. Newton lui-même dénomma cette année de sa jeunesse, préparatoire et si féconde, son annus mirabilis, l’année merveilleuse ou admirable… La justification de la forme de l’attraction newtonienne ne fut acquise par son auteur que peu de temps avant la publication des Principia et, dans cette élaboration, sa doctrine de l’espace et du temps absolus et mathématiques n’intervint pourtant que tardivement.

Absolutus locus...

"Pour Newton, l'espace et le temps sont absolus dans le sens qu'ils sont indépendants de la matière : l'espace et le temps existeraient même s'il n'y avait pas de matière. On peut interpréter Newton comme acceptant l'atomisme : la matière n'est pas indéfiniment divisible. A un niveau ultime, la matière est composée de matières très petites, ponctuelles, et indivisibles qui sont dans l'espace et dans le temps. Ces particules possèdent quelques propriétés fondamentales intrinsèques : tous les corps sont composés de ces particules. Celles-ci ne remplissent pas l'espace. Il y a de l'espace vide où les particules se meuvent. Le mouvement des particules est soumis à des lois déterministes, mathématiquement calculables. Le mouvement des particules se situe dans l'espace absolu. Selon Newton le mouvement d'une particule est absolu dans le sens qu'il n'est pas relatif aux mouvements des autres particules. (Michael Esfeld, Philosophie des sciences)

Translatio

"Alors qu'il est désormais connu de tous que le monde est perceptible car de la lumière se propage des objets éclairés (ou lumineux) vers nos yeux, pendant longtemps une autre hypothèse ne pouvait pas être écartée. Celle selon laquelle c'est au contraire l'œil qui envoie une sorte de "rayon éclairant" vers le monde afin de le rendre "visible". Toutefois, cette histoire est sans importance pour ce qui nous intéresse ici, et à l'époque de Kepler ou Newton, l'hypothèse d'une lumière qui provenait des objets pour atteindre les yeux avait finalement été admise. Restait cependant encore ouverte la question de la nature de cette lumière.

Ainsi, à cette époque, on discutait déjà de deux modèles apparemment incompatibles dont on allait encore parler longtemps, puisque la question de leur validité ne fut définitivement tranchée qu'avec le modèle actuel, né au début du XXème siècle, sorte de compromis les traitant tous deux sur un même pied d'égalité.

Le premier de ces modèles, était atomiste, la lumière étant considérée comme une collection de "petites billes" émises par les corps lumineux. Cette conception mécaniste étant fort compatible avec la dynamique newtonienne et son espace vide, Newton fut naturellement l'un de ses partisans. Il contribua d'ailleurs de manière très importante à son développement, puisqu'il produisit dès 1669 une théorie de la composition de la lumière blanche, et publia en 1675 son Optique, une théorie de la lumière et des couleurs qu'il remania jusqu'à sa mort. Selon cette théorie, chaque couleur correspondait à des corpuscules se déplaçant à une vitesse différente. La vitesse finie de la lumière ayant été mise en évidence en 1676 grâce à l'observation des satellites de Jupiter par l'astronome danois Ole Christensen Römer, la théorie de Newton s'imposa d'autant plus facilement que sa dynamique avait impressionné. Cependant, le modèle corpusculaire allait être écarté pour une raison que Newton avait très bien pressentie : il ne parvenait pas à rendre compte de l'existence des interférences , phénomène qui sera décrit après la deuxième théorie sur la nature de la lumière, celle qui parvint à l'expliquer."(L.Villain)