Grégoire de Tours ( VIème siècle) Histoire des Francs rapporte ici un épisode sombre de la vie du roi Chilpéric ; son fils atteint de dysenterie vient de mourir : la rumeur accuse l'évèque Mummolus de sorcellerie...

 

35. De interitu Mummoli praefecti et mulieribus interfectis.

 

 

 

 

 

 

 

Dum autem haec agerentur, nuntiantur reginae, puerum, qui mortuus fuerat, maleficiis et incantationibus fuisse subductum ibique Mummolum praefectum, quem iam diu regina inuisum habebat, conscium esse.

Unde factum est, ut epolante eo in domo sua, quidam de aulicis regis puerum dilectum sibi, qui a desenteria correptus fuerat, lamentaret. Cui praefectus respondit: «Habetur mihi herba in prumptu, de qua se desentiricus auriat, quamlibet desperatus sit, mox sanatur». Nuntiatis his reginae, maiore furore succenditur. Interea adpraehensis mulieribus urbis Parisiacae tormentis adplicat ac uerberibus cogit fatere quae nouerant.

 

. At illae confitentur se maleficas esse, et multos occumbere leto se fecisse testatae sunt, addentes illud, quod nulla ratione credi patior: «Filium», aiunt, «tuum, o regina, pro Mummoli praefecti uita donauimus». Tunc regina, tormentis grauioribus mulieribus affectis, alias enegat, alias incendio tradit, alias rotis, ossibus confractis, innectit.

 

 

 

Et sic Conpendio uillam una cum rege secessit ibique uniuersa regi quae de praefecto audierat reuelauit. Rex uero, missis pueris, iussit eum arcessire; discussumque catenis onerant et suppliciis subdunt. Trabi, postergum reuinctis manibus, adpenditur et ibi, quid maleficii nouerit, interrogatur; sed nihil de his quae superius memorauimus confetetur. Hoc tamen protulit, saepius se inunctionis et potionis, quae ei regis reginaequae gratiam praeberent, ab his mulieribus suscipisse. Depositus igitur de poena, uocat ad se lectorem, dicens: «Nuntia domino meo regi, quia nihil mali sentio de his quae inlata sunt». His auditis, rex :

 

 

«Verumne est», inquid, «hunc esse maleficum, se de his nihil est laesus poenis ?» Tunc extensum ad trocleas, tam diu loris triplicibus caesus est, quoadusque ipsi lassarentur tortures ;

 

 

post haec sudis ungulis manuum pedumque difigunt. Cumque in hoc causa ageretur, ut ad dicidendam ceruicem eius gladius inminerit, regina uitam obtenuit; sed non fuit minur morti humilitas subsecuta. Nam inpositus plaustro, ad Burdigalensim urbem, in qua ortus fuerat, ablata omni facultate, transmittitur; in uia uero ictuatus sanguine, uix accedere quo iussus est ualuit. Sed non post multum tempus spiritum exalauit. Post haec regina, adpraehenso pueroli thesauro, tam uestimenta quam reliquas species, uel ex sirico aut quocumque uellere inuenire potuit, igne consumpsit; quod ferunt quattuor plaustra leuasse. Aurum uero uel argentum fornace conflatum reposuit, ne aliquid integrum remanerit, quod ei planctum fili in memoriam reuocaret.

A traduire !

 

Mais le roi Chilpéric étant sorti de Paris pour se rendre dans le pays de Soissons, il lui survint un nouveau chagrin : son fils, que, l’année précédente, il avait fait régénérer dans les eaux du baptême, fut pris de la dysenterie, et rendit l’esprit. C’était là ce qu’annonçait cette flamme que, comme je l’ai dit plus haut, on avait vu tomber des nuages. Ils revinrent à Paris avec une douleur infinie, ensevelirent leur enfant. (...)

 

 

A traduire !

 

 

 

 

D’où il arriva qu’un homme de la cour du roi, étant à un festin dans la maison de Mummole, se lamentait de ce qu’un enfant qu’il chérissait avait été pris de la dysenterie. Le préfet lui répondit : J’ai une herbe qui, lorsqu’on la fait prendre à celui qui est attaqué de la dysenterie, quelque désespéré qu’il soit, le guérit sur-le-champ. Ces paroles ayant été rapportées à la reine, sa fureur s’en accrut, et ayant fait prendre des femmes de la ville de Paris, elle les livra aux tourments pour les forcer par des coups à déclarer ce qu’elles savaient.

 

A traduire !

 

 

 

 

 

 

et se retira avec le roi dans sa maison de Compiègne, où elle lui révéla tout ce qu’elle avait entendu dire du préfet. Le roi envoya des serviteurs ordonner à Mummole de venir le trouver, et après l’avoir interrogé, le fit charger de chaînes et livrer à divers tourments. On le suspendit à un poteau, les mains liées derrière le dos, et là on le questionna sur les maléfices dont il pouvait avoir connaissance ; mais il n’avoua rien de ce que nous avons rapporté plus haut. Cependant il confessa avoir pris souvent, de ces femmes, des onguents et des breuvages dont l’effet devait être de le mettre en grâce auprès du roi et de la reine. Lors donc qu’il fut détaché du poteau, il appela l’exécuteur, et lui dit : Allez annoncer au roi, mon seigneur, que je ne sens aucun mal des tourments qu’on m’a infligés. Le roi ayant entendu ces paroles, dit :

 

 

 

A vous de traduire !

 

 

 

ensuite on lui entra des bâtons pointus dans les ongles des pieds et des mains, et, comme il était à ce point que l’épée était déjà levée pour lui couper la tête, il obtint de la reine qu’elle lui laissât la vie ; mais on lui fit subir une dégradation non moins cruelle que la mort ; car l’ayant mis dans un chariot, on le renvoya dépouillé de tout ce qu’il possédait à la ville de Bordeaux où il était né. Mais frappé en route d’une attaque d’apoplexie, il put à peine arriver où il lui était ordonné d’aller, et peu de temps après rendit l’esprit. Après quoi, la reine ayant pris le trésor de son enfant, tant les vêtements que les autres effets, les étoffes de soie et tout ce qu’elle put trouver, les fit consumer par le feu. On dit qu’il y en avait quatre chariots. Elle fit jeter l’or et l’argent dans une fournaise embrasée, afin qu’il ne restât rien d’entier qui pût lui rappeler la douleur de la mort de son fils.