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Texte 1 : ARISTOTE : La citoyenneté par double ascendance (Constitution d'Athènes, XLVI)

Ἔτει δὲ πέμπτῳ μετὰ ταῦτα ἐπὶ Λυσικράτους ἄρχοντος οἱ τριάκοντα δικασταὶ κατέστησαν πάλιν οἱ καλούμενοι κατὰ δήμους. Καὶ τρίτῳ μετὰ τοῦτον ἐπὶ Ἀντιδότου διὰ τὸ πλῆθος τῶν πολιτῶν Περικλέους εἰπόντος ἔγνωσαν μὴ μετέχειν τῆς πόλεως, ὃς ἂν μὴ ἐξ ἀμφοῖν ἀστοῖν ᾖ γεγονώς...

Quatre ans après, sous l'archontat de Lysicratès, on institua de nouveau les trente juges, appelés juges des dèmes, et deux ans plus tard, sous l'archontat d'Antidotos, en considération du nombre croissant des citoyens et sur la proposition de Périclès, il fut décidé que, nul ne jouira des droits politiques, s'il n'est pas né de père et de mère athéniens.

NB : on voit la difficulté de traduire le terme ἀστοῖν employé au duel. La loi de 451 impose que le père et la mère soient ἀστός et ἀστή c'est à dire qu'ils jouissent tous deux de leurs droits civils. Le mot "citoyen" ne convient donc pas car la femme n'est pas citoyenne mais "citadin" serait faux et l'expression "de père et de mère athéniens" choisie ici n'est guère plus satisfaisante.

Texte 2 : PLATON : la démocratie, gouvernement des meilleurs (Ménexène, 238 c)

Πολιτεία γὰρ τροφὴ ἀνθρώπων ἐστίν, καλὴ μὲν ἀγαθῶν, ἡ δὲ ἐναντία κακῶν. Ὡς οὖν ἐν καλῇ πολιτείᾳ ἐτράφησαν οἱ πρόσθεν ἡμῶν, ἀναγκαῖον δηλῶσαι, δι΄ ἣν δὴ κἀκεῖνοι ἀγαθοὶ καὶ οἱ νῦν εἰσιν, ὧν οἵδε τυγχάνουσιν ὄντες οἱ τετελευτηκότες. Ἡ γὰρ αὐτὴ πολιτεία καὶ τότε ἦν καὶ νῦν, ἀριστοκρατία, ἐν ᾗ νῦν τε πολιτευόμεθα καὶ τὸν ἀεὶ χρόνον ἐξ ἐκείνου ὡς τὰ πολλά. Καλεῖ δὲ ὁ μὲν αὐτὴν δημοκρατίαν, ὁ δὲ ἄλλο, ᾧ ἂν χαίρῃ, ἔστι δὲ τῇ ἀληθείᾳ μετ΄ εὐδοξίας πλήθους ἀριστοκρατία. Βασιλῆς μὲν γὰρ ἀεὶ ἡμῖν εἰσιν· οὗτοι δὲ τοτὲ μὲν ἐκ γένους, τοτὲ δὲ αἱρετοί· ἐγκρατὲς δὲ τῆς πόλεως τὰ πολλὰ τὸ πλῆθος, τὰς δὲ ἀρχὰς δίδωσι καὶ κράτος τοῖς ἀεὶ δόξασιν ἀρίστοις εἶναι, καὶ οὔτε ἀσθενείᾳ οὔτε πενίᾳ οὔτ΄ ἀγνωσίᾳ πατέρων ἀπελήλαται οὐδεὶς οὐδὲ τοῖς ἐναντίοις τετίμηται, ὥσπερ ἐν ἄλλαις πόλεσιν, ἀλλὰ εἷς ὅρος, ὁ δόξας σοφὸς ἢ ἀγαθὸς εἶναι κρατεῖ καὶ ἄρχει.

C'est le régime politique qui nourrit le peuple. Il produit de braves gens, s'il est bon, des méchants, s'il est mauvais. Il convient donc de montrer que nos ancêtres ont été élevés dans un régime bien réglé, qui les a rendus vertueux tout comme les hommes d'aujourd'hui, au nombre desquels comptent les morts ici présents. C'était alors le même régime que de nos jours, le gouvernement des meilleurs, par lequel nous sommes régis aujourd'hui comme nous l'avons toujours été depuis cette époque, la plupart du temps. Tel l'appelle démocratie, tel autre du nom qui lui convient mais c'est en vérité une aristocratie avec l'assentiment de la foule. Des rois, nous en avons toujours. Tantôt ils le sont par leur naissance et tantôt parce qu'on les choisit mais le pouvoir dans la cité est pour la plus grande part entre les mains de la foule. qui attribue charges et commandements sont à ceux qui à chaque fois lui ont paru être les meilleurs.

Texte 3 : HÉRODOTE : L'iségorie et la liberté (comparaison entre les forces athéniennes et thébaines. Histoire, V, 78)

Ἀθηναῖοι μέν νῦν ηὔξηντο. Δηλοῖ δὲ οὐ κατ΄ ἓν μοῦνον ἀλλὰ πανταχῇ ἡ ἰσηγορίη ὡς ἐστὶ χρῆμα σπουδαῖον, εἰ καὶ Ἀθηναῖοι τυραννευόμενοι μὲν οὐδαμῶν τῶν σφέας περιοι κεόντων ἦσαν τὰ πολέμια ἀμείνονες, ἀπαλλαχθέντες δὲ τυράννων μακρῷ πρῶτοι ἐγένοντο. Δηλοῖ ὦν ταῦτα ὅτι κατεχόμενοι μὲν ἐθελοκάκεον ὡς δεσπότῃ ἐργαζόμενοι, ἐλευθερωθέντων δὲ αὐτὸς ἕκαστος ἑωυτῷ προεθυμέετο κατεργάζεσθαι.

Les forces des Athéniens allaient toujours en croissant. On pourrait prouver de mille manières que l'iségorie est le gouvernement le plus avantageux ; cet exemple seul le démontre. Tant que les Athéniens restèrent sous la puissance de leurs tyrans, ils ne se distinguèrent pas plus à la guerre que leurs voisins ; mais, ayant une fois secoué le joug, ils acquirent sur eux une très grande supériorité. Cela prouve que, dans le temps qu'ils étaient détenus dans l'esclavage, ils se comportaient lâchement de propos délibéré, parce qu'ils travaillaient pour un maître ; au lieu qu'ayant recouvré la liberté, chacun s'empressa avec ardeur à travailler pour soi. Tel était l'état actuel des Athéniens.