Xanthippe

Selon Xénophon et Diogène Laërce, la femme de Socrate avait une réputation bien établie : celle d'être la plus désagréable qui soit.

Xénophon, Banquet, II, 9-10

(9)... Καὶ ὁ Σωκράτης εἶπεν· ᾿Εν πολλοῖς μέν, ὦ ἄνδρες, καὶ ἄλλοις δῆλον καὶ ἐν οἷς δ᾿ ἡ παῖς ποιεῖ ὅτι ἡ γυναικεία φύσις οὐδὲν χείρων τῆς τοῦ ἀνδρὸς οὖσα τυγχάνει, γνώμης δὲ καὶ ἰσχύος δεῖται. ὥστε εἴ τις ὑμῶν γυναῖκα ἔχει, θαρρῶν διδασκέτω ὅ τι βούλοιτ᾿ ἂν αὐτῇ ἐπισταμένῃ χρῆσθαι. Καὶ ὁ ᾿Αντισθένης, Πῶς οὖν, ἔφη, ὦ Σώκρατες, οὕτω γιγνώσκων οὐ καὶ σὺ παιδεύεις Ξανθίππην, ἀλλὰ χρῇ γυναικὶ τῶν οὐσῶν, οἶμαι δὲ καὶ τῶν γεγενημένων καὶ τῶν ἐσομένων χαλεπωτάτῃ ; ὅτι, ἔφη, ὁρῶ καὶ τοὺς ἱππικοὺς βουλομένους γενέσθαι οὐ τοὺς εὐπειθεστάτους ἀλλὰ τοὺς θυμοειδεῖς ἵππους κτωμένους. Νομίζουσι γάρ, ἂν τοὺς τοιούτους δύνωνται κατέχειν, ῥᾳδίως τοῖς γε ἄλλοις ἵπποις χρήσεσθαι. Κἀγὼ δὴ βουλόμενος ἀνθρώποις χρῆσθαι καὶ ὁμιλεῖν ταύτην κέκτημαι, εὖ εἰδὼς ὅτι εἰ ταύτην ὑποίσω, ῥᾳδίως τοῖς γε ἄλλοις ἅπασιν ἀνθρώποις συνέσομαι. Καὶ οὗτος μὲν δὴ ὁ λόγος οὐκ ἄπο τοῦ σκοποῦ ἔδοξεν εἰρῆσθαι.

 

(9)... Sur quoi Socrate reprit la parole : « Entre beaucoup d'autres preuves, amis, ce qu'exécute la danseuse démontre que la nature de la femme n'est pas inférieure à celle de l'homme, sauf pour l'intelligence et la force physique. Que ceux d'entre vous qui ont une femme lui enseignent donc ce qu'ils veulent qu'elle sache. 10. — Comment se fait-il donc, Socrate, demanda Antisthène, si tu as cette opinion, que tu n'instruises pas Xanthippe et que tu t'accommodes de la plus acariâtre des créatures qui existent, je dirai même qui ont été ou qui seront jamais ? — C'est que, répondit Socrate, je vois que ceux qui veulent devenir de bons écuyers se procurent non pas les chevaux les plus dociles, mais des chevaux fougueux, persuadés que s'ils parviennent à dompter de tels chevaux, ils pourront manier facilement les autres. J'ai fait comme eux : voulant vivre dans la société des hommes, j'ai pris cette femme, sûr que, si je la supportais, je m'accommoderais facilement de tous les caractères. » On trouva que ce propos ne manquait pas de pertinence.

Πρὸς Ξανθίππην πρότερον μὲν λοιδοροῦσαν, ὕστερον δὲ καὶ περιχέασαν αὐτῷ, « οὐκ ἔλεγον, » εἶπεν, « ὅτι Ξανθίππη βροντῶσα καὶ ὕδωρ ποιήσει ; »...
Sa femme Xanthippe, non contente de l’injurier, lui jeta un jour de l’eau à la tête. « N’avais-je pas prédit que tant de tonnerre amènerait la pluie ? »

« Socrate et Xanthippe », gravure de Van Veen, Anvers, 1612.
http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/philosophie/icon/thist2a.html

Diogène Laërce, Vie de Socrate, II, 36-37

(36)... Στρέψαντος δὲ Ἀντισθένους τὸ διερρωγὸς τοῦ τρίβωνος εἰς τοὐμφανές, "ὁρῶ σου," ἔφη, "διὰ τοῦ τρίβωνος τὴν κενοδοξίαν." πρὸς τὸν εἰπόντα, "οὐ σοὶ λοιδορεῖται ὁ δεῖνα;", "οὐχί,"ἔφη· "ἐμοὶ γὰρ οὐ πρόσεστι ταῦτα." ἔλεγε δὲ τοῖς κωμικοῖς δεῖν ἐπίτηδες ἑαυτὸν διδόναι· εἰ μὲν γάρ τι τῶν προσόντων λέξειαν, διορθώσονται· εἰ δ´ οὔ, οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς. πρὸς Ξανθίππην πρότερον μὲν λοιδοροῦσαν, ὕστερον δὲ καὶ περιχέασαν αὐτῷ, "οὐκἔλεγον," εἶπεν, "ὅτι Ξανθίππη βροντῶσα καὶ ὕδωρ ποιήσει ;" πρὸς Ἀλκιβιάδην εἰπόντα ὡς οὐκ ἀνεκτὴ ἡ Ξανθίππη λοιδοροῦσα, "ἀλλ´ ἔγωγ´," ἔφη, "συνείθισμαι, καθαπερεὶ καὶ τροχιλίας ἀκούων συνεχές.

[2,37] καὶ σὺ μέν," εἶπε, "χηνῶν βοώντων ἀνέχῃ;"
τοῦ δὲ εἰπόντος, "ἀλλά μοι ᾠὰ καὶ νεοττοὺς τίκτουσι," "κἀμοί," φησί, "Ξανθίππη παιδία γεννᾷ." ποτὲ αὐτῆς ἐν ἀγορᾷ καὶ θοἰμάτιον περιελομένης συνεβούλευον οἱ γνώριμοι χερσὶν ἀμύνασθαι· "νὴ Δί´," εἶπεν, "ἵν´ ἡμῶν πυκτευόντων ἕκαστος ὑμῶν λέγῃ, εὖ Σώκρατες, εὖ Ξανθίππη;" ἔλεγε συνεῖναι τραχείᾳ γυναικὶ καθάπερ οἱ ἱππικοὶ θυμοειδέσιν ἵπποις. "ἀλλ´ ὡς ἐκεῖνοι," φησί, "τούτων κρατήσαντες ῥᾳδίως τῶν ἄλλων περιγίνονται, οὕτω κἀγὼ Ξανθίππῃ χρώμενος τοῖς ἄλλοις ἀνθρώποις συμπεριενεχθήσομαι." Ταῦτα δὴ καὶ τοιαῦτα λέγων καὶ πράττων πρὸς τῆς Πυθίας ἐμαρτυρήθη, Χαιρεφῶντι ἀνελούσης ἐκεῖνο δὴ τὸ περιφερόμενον. ἀνδρῶν ἁπάντων Σωκράτης σοφώτατος.

(36)... Antisthène montra le pan de son manteau tout déchiré. « Je vois ta vanité par les trous », lui dit-il. « Un tel vous injurie », lui disait-on, il répondait : « Mais non, ce qu’il dit ne se rapporte pas à moi. » Il estimait nécessaire et convenable de s’exposer aux critiques des auteurs comiques : « S’ils citent des défauts qui sont réellement en moi, ils me corrigent ; sinon, qu’importe ! » Sa femme Xanthippe, non contente de l’injurier, lui jeta un jour de l’eau à la tête. « N’avais-je pas prédit que tant de tonnerre amènerait la pluie ? » Comme Alcibiade se plaignait qu’elle fût insupportable avec ses criailleries, Socrate lui dit : « J’y suis pourtant habitué comme si j’entendais continuellement crier des oies.

(37) Tu supportes bien, toi, le cri de tes oies ? » « C’est, répondait Alcibiade, qu’elles me donnent des oeufs et des oisons. » Et Socrate de répliquer : « C’est pareil pour moi, ma femme me fait des enfants. » Un autre jour, en pleine place, elle lui avait arraché son manteau, et ses amis lui conseillaient de la punir par quelques gifles : « Bien sûr, dit-il, pour que nous nous battions à coups de poings, et que chacun de vous nous encourage en disant : « Vas-y, Socrate ! vas-y, Xanthippe ! » Il disait qu’il en était des femmes irascibles comme des chevaux rétifs. Quand les cavaliers ont pu dompter ceux-ci, ils n’ont aucune peine à venir à bout des autres. Lui-même, s’il savait vivre avec sa femme, en saurait beaucoup plus aisément vivre avec les autres gens. Ces belles paroles et cette belle conduite furent cause que la Pythie le loua publiquement en donnant à Chéréphon cet oracle si connu : « De tous les hommes Socrate est le plus sage ».

Selon Platon, Socrate ne laissa pas Xanthippe assister à sa mort afin d'éviter les lamentations excessives :
Ὡς οὖν εἶδεν ἡμᾶς ἡ Ξανθίππη, ἀνηυφήμησέ τε καὶ τοιαῦτ᾽ ἄττα εἶπεν, οἷα δὴ εἰώθασιν αἱ γυναῖκες, ὅτι « Ὦ Σώκρατες, ὕστατον δή σε προσεροῦσι νῦν οἱ ἐπιτήδειοι καὶ σὺ τούτους ». Καὶ ὁ Σωκράτης βλέψας εἰς τὸν Κρίτωνα, « Ὦ Κρίτων », ἔφη, « ἀπαγέτω τις αὐτὴν οἴκαδε ». Καὶ ἐκείνην μὲν ἀπῆγόν τινες τῶν τοῦ Κρίτωνος βοῶσάν τε καὶ κοπτομένην· (60a) (En français : Dès qu’elle nous aperçut, Xanthippe se mit à pousser des cris et à proférer des plaintes, comme les femmes ont coutume d’en faire. « Ah ! Socrate, dit-elle, c’est aujourd’hui la dernière fois que tes amis te parleront et que tu leur parleras. » Alors Socrate, tournant les yeux vers Criton : « Criton, dit-il, qu’on l’emmène à la maison. » Et des gens de Criton l’emmenèrent poussant des cris et se frappant la poitrine.)

Et au moment ultime, ce sont toutes les femmes qu'il renvoie : Ἐγὼ μέντοι οὐχ ἥκιστα τούτου ἕνεκα τὰς γυναῖκας ἀπέπεμψα, ἵνα μὴ (117e) τοιαῦτα πλημμελοῖεν (texte 4)

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