Extrait de Alfonso GOMEZ-LOBO, Les Fondements de l’éthique socratique, Presses Universitaires Du Septentrion, 1996, pp. 36-37

ἔστιν τις Σωκράτης σοφὸς ἀνήρ...

1) τά τε μετέωρα φροντιστὴς καὶ τὰ ὑπὸ γῆς πάντα ἀνεζητηκὼς

« La philosophie de la nature tente d'expliquer les événements dans le monde en faisant appel au comportement inaltérable et aveugle des éléments constitutifs des choses. C'est la nature intime des choses, et non pas l'intervention divine extérieure à celles-ci, qui explique leurs propritétés ainsi que certains événements. Etudier « les choses qui sont sous la terre et dans le ciel » (...) devrait être compris comme la tentative de donner des explications naturalistes aux phénomènes géologiques tels que les tremblements de terre et les éruptions volcaniques d'une part, aux phénomènes météorologiques (au sens large), tels que la pluie, le tonnerre ou les éclipses d'autre part. Cette façon de fixer le domaine de la philosophie naturelle est extrêmement significative du fait qu'il englobe précisément les phénomènes qui avaient été considérés par la tradition comme la manifestation de la volonté des dieux. Les devins et les augures qui étaient censés fournir l'interprétation de ces événements aux membres de la communauté devaient très probablement regarder la nouvelle physique comme un danger pour leur profession et, au cas où elle aurait été massivement adoptée, comme une menace pour la religion officielle. Socrate, en tant que partisan supposé de la nouvelle approche de la nature serait, dans cette perspective, coupable d'athéisme.

1) τὸν ἥττω λόγον κρείττω ποιῶν

« Le fait d'associer Socrate au mouvement sophistique (...) lui aurait porté particulièrement préjudice étant donné les sentiments négatifs que suscitaient fréquemment les professeurs de rhétorique à l'époque. Les chefs de la restauration démocratique à Athènes voyaient dans les sophistes les maîtres des jeunes oligarques qui avaient détruit la constitution démocratique en 411 av. J. C. et qui avaient ensuite participé à la dictature des Trente après 404.
Même quelqu'un de plus jeune que Socrate comme son ami Alcibiade, un démocrate radical souvent soupçonné d'aspirer à la tyrannie, était probablement perçu comme étant un produit de l'éducation dispensée par les sophistes. Un mépris aussi total pour l'ordre constitutionnel est sans aucun doute une forme de corruption, et quiconque se voyait soupçonné d'avoir mené des jeunes gens dans cette direction pouvait être catalogué comme un corrupteur de la jeunesse. »

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