Commentaire au fil du texte

Ἀθηναῖοι (ἀθηναῖος, α, ον) : le tribunal devant lequel Socrate se défend est l'Héliée.

τὰ πρῶτά μου ψευδῆ κατηγορημένα καὶ τοὺς πρώτους κατηγόρους : l'expression désigne en particulier Aristophane. Cf. infra

ἔπειτα δὲ πρὸς τὰ ὕστερον καὶ τοὺς ὑστέρους : l'expression désigne Anytos et ses complices (τοὺς ἀμφὶ Ἄνυτον)

Ἄνυτον (ὁ Ἄνυτος, -ου) : Anytos, fils du riche Anthémion, fut stratège en 409. L'expédition dont il était chargé fut un échec et il n'échappa à la condamnation qu'en corrompant ses juges. Ennemi des sophistes, il prit part au renversement des Trente et gagna en influence une fois la démocratie restaurée. Selon Xénophon (Αpologie de Socrate, 29), il en voudrait à Socrate d'avoir attiré son fils à la philosophie, le détournant de ses propres intérêts, c'est-à-dire du métier de tanneur.

τοὺς ἀμφὶ Ἄνυτον, καίπερ ὄντας καὶ τούτους δεινούς : Socrate fait sans doute allusion à Lycon, orateur habile auquel Anytos a fait appel.

Μέλητον (ὁ Μέλητος, -ου) : Mélétos est un jeune poète, peut-être le fils du poète du même nom dont Aristophane se moque dans Les Laboureurs.

ἐρήμην (s. e. δίκη) κατηγοροῦντες : accusant par défaut, c'est-à-dire portant une accusation en l'absence de l'accusé.

 

Les chefs d'accusation anciens  :

πλὴν εἴ τις κωμῳδοποιὸς τυγχάνει ὤν : il s'agit d'Aristophane. C'est lui d'abord qui dans Les Nuées a donné de Socrate une image condamnable. En effet, dans la pièce, le philosophe est surtout préoccupé de "physique" et de sophistique.

ὡς ἔστιν τις Σωκράτης σοφὸς ἀνήρ,

  • ...τά τε μετέωρα φροντιστὴς καὶ τὰ ὑπὸ γῆς πάντα ἀνεζητηκὼς
  • ...καὶ τὸν ἥττω λόγον κρείττω ποιῶν

Un peu plus loin (19b), Socrate reprendra cette double accusation (τά τε μετέωρα φροντιστὴς καὶ τὰ ὑπὸ γῆς πάντα ἀνεζητηκὼς devient περιεργάζεται ζητῶν τά τε ὑπό γῆς καί οὐράνια) à laquelle il ajoutera : καὶ ἄλλους τὰ αὐτὰ ταῦτα διδάσκων. Et c'est sans doute ce dernier point qui lui vaudra son procès (il est d'ailleurs cité en premier dans les griefs de Mélétos, cf. le texte) : Socrate exerçait une influence remarquable sur la jeunesse d'Athènes, influence néfaste, selon les "notables" athéniens. Ainsi, dans Les Nuées, le jeune Phidippide, après avoir profité des leçons du philosophe, se croit autorisé à battre son père...

Lire une analyse des griefs par A. Gomez-Lobo.

 

δαιμόνια désigne sans doute ce que Socrate appelle son « démon » (il emploie d'ailleurs le terme au singulier, δαιμόνιον), une « manifestation divine », une « voix » qui l'empêche d'accomplir certaines actions ; voici comment il le définit lui-même :

« ὅτι μοι θεῖόν τι καὶδαιμόνιον γίγνεται (φωνή), ὃ δὴ καὶ ἐν τῇ γραφῇ ἐπικωμῳδῶν Μέλητος ἐγράψατο. ἐμοὶ δὲ τοῦτ᾽ ἔστιν ἐκ παιδὸς ἀρξάμενον, φωνή τις γιγνομένη, ἣ ὅταν γένηται, ἀεὶ ἀποτρέπει με τοῦτο ὃ ἂν μέλλω πράττειν, προτρέπει δὲ οὔποτε. »

« ce démon familier, cette voix divine dont vous m'avez si souvent entendu parler, et dont Mélitos a fait plaisamment un chef d'accusation. Ce démon s'est attaché à moi dès mon enfance ; c'est une voix qui ne se fait entendre que lorsqu'elle veut me détourner de ce que j'ai résolu, car jamais elle ne m'exhorte à rien entreprendre. » (Apologie, 31d)

 

Les chefs d'accusation nouveaux :

Σωκράτη φησὶν ἀδικεῖν

  • ...τούς τε νέους διαφθείροντα
  • ...καὶ θεοὺς οὓς ἡ πόλις νομίζει οὐ νομίζοντα,
  • ...ἕτερα δὲ δαιμόνια καινά.

Xénophon, à deux reprises, rapporte les mêmes griefs : κατηγόρησαν αὐτοῦ οἱ ἀντίδικοι ὡς οὓς μὲν ἡ πόλις νομίζει θεοὺς οὐ νομίζοι , ἕτερα δὲ καινὰ δαιμόνια εἰσφέροι καὶ τοὺς νέους διαφθείροι (Apologie, 10) et Ἡ μὲν γὰρ γραφὴ κατ᾽ αὐτοῦ τοιάδε τις ἦν· « Ἀδικεῖ Σωκράτης οὓς μὲν ἡ πόλις νομίζει θεοὺς οὐ νομίζων, ἕτερα δὲ καινὰ δαιμόνια εἰσφέρων· ἀδικεῖ δὲ καὶ τοὺς νέους διαφθείρων. » (Mémorables, I, 1,1)