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Bibliographie - Cartes

Scipion

Autour du TEXTE 4 :

Pour éviter de confondre les membres de la famille Scipion, il est intéressant de consulter cet arbre généalogique, extrait du site de Hilary Gowen :

Lucius Cornelius Scipio BARBATUS
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            |------- -------------- LUCIUS Cornelius Scipio           ------------------- ---------|
       |------- Gnaeus Cornelius Scipio CALVUS ---------|                        |------- PUBLIUS Cornelius Scipio ---------|

Publius Cornelius Scipio

NASICA

Publius Cornelius Scipio
Nasica CORCULUM

Publius Cornelius Scipio AFRICANUS
le premier africain

Lucius Cornelius Scipio ASIAGENES
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Publius
CORNELIUS Scipio

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Publius Cornelius Scipio AEMILIANUS Africanus
le second africain

 

Autour du TEXTE 5 :

Les combats de gladiateurs font l'objet d'un très grand nombre de sites, souvent très illustrés.

 

Autour du TEXTE 6 :

Fabius Maximus et Scipion, la version de Plutarque

Plutarque, Vie de Fabius Maximus, 25-26

25. [...] Il [Scipion] conçut le projet d’aller droit à Carthage, de remplir l’Afrique des légions et des armes romaines, d’en ravager les contrées, et de reporter dans son sein la guerre qu’elle avait elle-même allumée en Italie. Il travaillait avec la plus grande ardeur à faire approuver ce dessein au peuple ; mais Fabius faisait tout craindre aux Romains d’une pareille entreprise ; il leur représentait que l’imprudence d’un jeune homme allait les précipiter dans les plus grands dangers, et les perdre peut-être sans ressource. Il n’épargnait ni paroles ni démarches pour les en détourner. Il vint à bout de persuader le sénat ; mais le peuple crut que Fabius ne s’y opposait que par jalousie des succès de Scipion ; qu’il craignait que, si le consul se signalait par quelque grand exploit, et qu’il parvînt à terminer la guerre ou à l’éloigner de l’Italie, il ne parût lui-même s’être conduit avec mollesse et avec lâcheté en la faisant durer si longtemps. Il est vraisemblable que Fabius, redoutant le péril où le projet de Scipion mettrait la république, ne le combattit d’abord que par prudence et pour l’intérêt de son pays ; mais qu’ensuite il y mit de l’entêtement, qu’il se laissa emporter trop loin ; et que, par un sentiment d’ambition et de jalousie, il s’opposa à l’agrandissement de Scipion. Ce qui semble le prouver, c’est qu’il persuada Crassus, le collègue de Scipion, de ne pas lui céder le commandement de l’armée, de lui résister constamment, et, s’il le jugeait à propos, de passer lui-même à Carthage ; enfin, il empêcha qu’on ne lui donnât des fonds pour cette guerre. Scipion, obligé de se procurer lui-même tout ce qui lui était nécessaire pour son expédition, le trouva dans les villes de Toscane, qui, favorablement disposées pour lui, s’empressèrent de lui fournir ses approvisionnements. Crassus se tint chez lui, soit par une suite de son caractère doux et ennemi de toute dispute, soit par respect pour la loi sacrée de son sacerdoce, car il était souverain pontife.
26. Alors Fabius, prenant une autre voie pour s’opposer à Scipion, détourna de cette expédition les jeunes gens qui s’offraient avec empressement pour l’y accompagner. Il ne cessait de répéter dans les assemblées du peuple que Scipion, non content de fuir lui-même Hannibal, emmenait au-delà des mers ce qui restait de forces en Italie ; qu’il séduisait les jeunes gens par de belles espérances, et les persuadait d’abandonner leurs pères, leurs femmes et leur patrie, lorsqu’elle avait à ses portes un ennemi puissant et jusqu'alors invincible. Les Romains, effrayés par ces discours, arrêtèrent que Scipion ne prendrait avec lui que les légions qui étaient en Sicile, et trois cents hommes à son choix, parmi ceux qui l’avaient servi le plus fidèlement en Espagne. En cela Fabius paraît avoir suivi son caractère timide et prudent. Cependant Scipion fut à peine passé en Afrique, qu’il fit retentir Rome du récit des exploits les plus admirables, des victoires les plus brillantes et les plus extraordinaires. Ces nouvelles furent bientôt suivies et confirmées par une immense quantité de dépouilles. Un roi des Numides avait été fait prisonnier, et deux camps brûlés en un jour, où les flammes ayaient consumé un nombre prodigieux d’hommes, de chevaux et d’armes. Les Carthaginois même avaient envoyé des ambassadeurs à Hannibal pour le rappeler en Afrique, pour le conjurer d’abandonner des espérances qui ne pourraient plus se réaliser, et de venir sauver sa patrie. On ne parlait plus à Rome que de Scipion et de ses exploits. Mais Fabius demanda qu’on lui envoyât un successeur, et il n’en donna pas d’autre motif que cette maxime commune, qu’il était dangereux de confier à un seul homme de si grands intérêts, parce qu’il est difficile qu’un même homme soit toujours heureux. Cette proposition offensa singulièrement le peuple, et fit regarder Fabius comme un homme difficile et envieux, ou du moins comme un vieillard timide qui n’osait plus se livrer à d’heureuses espérances, et qui craignait Hannibal au-delà de toute mesure. Lors même que ce général eut quitté l’Italie, et qu’il se fut rembarqué avec toute son armée, il ne laissa pas jouir les Romains d’une satisfaction pure, et troubla leur confiance par des craintes exagérées. Il disait que les affaires n’avaient jamais été dans une situation plus alarmante, et que la ville courait les plus grands dangers ; qu’Hannibal serait bien plus redoutable en Afrique, et sous les murs de Carthage ; que là Scipion aurait à combattre une armée encore fumante du sang de tant de préteurs, de dictateurs et de consuls. Ces discours jetèrent une telle frayeur dans la ville, que, quoique la guerre fût transportée en Afrique, on croyait le danger plus près de Rome qu’il ne l’avait encore été.
27. Mais bientôt Scipion, ayant vaincu Hannibal dans une grande bataille, abattit et mit sous ses pieds l’orgueil de Carthage ; il fit goûter à ses concitoyens une joie qui surpassait toutes leurs espérances et raffermissait leur empire si longtemps agité par d’affreuses tempêtes. Mais Fabius ne vécut pas jusqu’à la fin de la guerre ; il ne sut pas qu’Hannibal avait été battu ; il ne vit pas cette brillante et solide prospérité de sa patrie : il mourut de maladie vers le temps où Hannibal sortit de l’Italie. Les Thébains enterrèrent Epaminondas aux dépens du public, parce qu’il mourut si pauvre, qu’on ne trouva chez lui qu’une petite pièce de monnaie. Fabius ne fut pas enterré aux dépens de la république, mais les Romains contribuèrent à ses obsèques de la plus petite de leurs pièces de monnaie par tête : non qu’il fallût suppléer à sa pauvreté, mais parce que le peuple voulut faire les frais de ses funérailles, comme de celles d’un père. Ainsi sa mort fut illustrée par un honneur et une gloire dignes de sa vie.

Le témoignage de Plutarque est remis en question : il paraît avoir porté trop loin l'opposition qu'il suppose avoir été mise par Fabius à l'entreprise de Scipion. II n'est pas vraisemblable qu'il ait conseillé à Crassus de passer en Afrique, puisqu'on voit dans Plutarque même que la loi sacrée du sacerdoce ne le permettait pas, et que Crassus, étant souverain pontife, ne pouvait pas sortir non de Rome, comme traduit Amyot, mais de l'Italie. Car dans le discours de Scipion, dont nous avons parlé, il dit, en s'adressant à Fabius : « Prenez garde de faire un très grand affront au consul Licinus Crassus en niant que ce que vous avez pu faire contre Hannibal lorsqu'il parcourait en vainqueur toute l'Italie, ce grand homme puisse le faire contre ce même Hannibal affaibli et à demi défait. » Crassus pouvait donc faire la guerre en Italie, mais non pas en Afrique. Voyez aussi Tacite, liv. III des Annales, c. LXXI. Quant aux fonds dont Scipion avait besoin pour cette expédition, il est certain que Fabius les lui fit refuser, et que les villes de Toscane lui fournirent toutes ses provisions. Tite-Live le dit de même, c. XLV, et spécifie la contribution de chaque peuple. Les Cérites donnèrent le blé avec toutes sortes de provisions de bouche. Il reçut le fer des Populoniens ; des Tarquiniens, les toiles pour les voiles de ses galères ; ceux de Volaterre lui envoyèrent le goudron avec du blé ; les habitants d'Arétium, trente mille boucliers, autant de casques, avec d'autres armes. Les villes de Toscane ne furent pas les seules qui contribuèrent à cet armement ; leur exemple fut suivi par d'autres peuples.

A propos des troupes parties avec lui, Tite-Live (c. XLVI) dit, contrairement à Plutarque, qu'il embarqua avec lui sept mille volontaires ; ce qui porte à croire que Plutarque a été trompé par un autre passage de cet historien, c. XLV, où on lit : « Ut voluntarios sibi ducere liceret, tenuit. » Plutarque l'a rapporté à Fabius et a pris le mot tenuit dans le sens que les Grecs donnent quelquefois à leur verbe avoir, auquel ils font signifier empêcher, retenir ; au lieu que dans Tite-Live il veut dire obtenir, et il se rapporte à Scipion, qui, suivant cet historien, n'ayant pu avoir la permission de lever des soldats en Italie, et ne s'y étant pas même opiniâtre, obtint du moins qu'il pourrait emmener des volontaires. Ugo Bratelli.