Horace, Odes, I, 9 (v. 1 à 12)
Tu vois comme le Soracte se dresse blanc d'une neige profonde et comme
les forêts qui peinent ne supportent plus leur fardeau et comme sous
le gel piquant les cours d'eau ont cessé de couler. Dissipe le froid
en empilant largement des bûches sur le foyer et plus généreusement
tire un vin de quatre ans, ô Thaliarque, d'un vase sabin à la double
oreille. Remets tout le reste aux dieux; dès qu'ils ont abattu les
vents qui combattent sur la mer bouillonnante, ni les cyprès ni les
vieux ornes ne s'agitent. Ce que sera demain, évite de le chercher,
et quel que soit le jour que te donnera la fortune, porte-le à ton
bénéfice, et les douces amours, ne les dédaigne pas tant que tu es
un jeune garçon, ni, toi, les danses, tant que de ton âge encore vert
se tient éloignée la blancheur morose. Maintenant, il faut retrouver
et le Champ de Mars et les places publiques et les doux chuchotements
à la tombée de la nuit, à l'heure convenue, maintenant aussi quand
il trahit celle qui est cachée, jailli d'un coin secret, le rire charmant
d'une jeune fille et le gage enlevé à un bras ou à un doigt qui résiste
mal.
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