Traduction 2

   

Traduction 2 (Jacques Thibault, Les Belles Lettres)

Tu es enveloppé de toutes parts ; tous tes projets sont pour nous plus clairs que le jour ; tu peux même les rappeler avec moi à ton souvenir.

Te souvient-il que, le douzième jour avant les calendes de novembre, je dis dans le sénat qu'à jour fixe, dans six jours, Mallius prendrait les armes, Mallius le satellite et le ministre de ton audace ? Me suis-je trompé, Catilina, non seulement sur un fait si important, si criminel, si incroyable, mais, ce qui est plus étonnant, me suis-je trompé sur le jour ? J'annonçai de plus au sénat que tu avais fixé le massacre des principaux citoyens au cinquième jour avant les mêmes calendes, jour où plusieurs d'entre eux sortirent de Rome, moins pour sauver leur vie que pour faire échouer tes complots. Peux-tu nier que ce jour-même, environné de gardes placés par ma vigilance, il te fut impossible de rien tenter contre la république, et que tu dis, pour te consoler du départ des autres, que, puisque j'étais resté, ma mort te suffisait ?

Eh quoi ! Lorsque, le 1er novembre, tu comptais t'emparer de Préneste à la faveur de la nuit, ne t'es-tu pas aperçu que cette colonie se trouvait sous la protection de postes et de gardes que mes ordres y avaient placés ? Il n'est pas une de tes actions, pas un de tes projets, pas une de tes pensées, non seulement dont on ne m'instruise, mais encore que je ne voie, que je ne connaisse à fond.

IV. Rappelle enfin avec moi l'avant-dernière nuit à ta mémoire ; tu comprendras alors que je veille avec plus d'ardeur pour le salut de la république que toi pour sa perte. Je dis que l'avant-dernière nuit tu te rendis au quartier des fourbisseurs  (je ne cacherai rien), dans la maison de M. Léca, où se réunirent en grand nombre les complices de ta criminelle fureur. Oses-tu le nier ? Tu te tais ! Je te convaincrai, si tu le nies. Car je vois ici dans le sénat quelques-uns de ceux qui se trouvaient avec toi.

Traduction 3 ( Edouard Bailly, Belles Lettres)

On te tient de partout ; le jour est moins clair pour nous que tous tes projets : s’il te plaît, nous pouvons les passer en revue ensemble.

Te souvient-il que le douzième jour avant les calendes de novembre je disais au Sénat qu'à tel jour déterminé, jour qui serait le sixième avant les calendes de novembre, les armes seraient prises par C. Manlius, l'acolyte et l'instrument de ton audace ? Me suis-je trompé, Catilina, je ne dis pas seulement sur un événement si énorme, si monstrueux, si incroyable, mais, ce qui est bien plus surprenant, même sur le jour ? C'est moi encore qui ai dit dans le Sénat que tu avais fixé au cinquième jour avant les calendes de novembre le massacre de l'aristocratie, date où tant de nos principaux citoyens s'enfuirent de Rome, moins pour assurer leur sécurité que pour réprimer tes complots. Peux-tu nier que ce jour-là, encerclé par mes gardes, par ma vigilance, tu n'as pu tenter aucun mouvement contre la république, ce jour où tu disais, en voyant que les autres avaient quitté la ville, gué ma mort, à moi qui étais resté, suffirait à te contenter ? Eh quoi ? Quand tu te croyais sûr, aux calendes mêmes de novembre, de t'emparer de Préneste, la nuit, par un coup de main, tu n'aurais pas senti que cette colonie c'était sur mon ordre et par moi qu'elle était pourvue d'une garnison, de sentinelles, de gardes de nuit ? Tu ne fais rien, tu ne prépares rien, tu n'imagines rien qui ne me revienne aux oreilles et même que je ne voie et que je ne connaisse à fond.

IV Passe enfin en revue, avec moi, cette avant-dernière nuit, et tu comprendras que je travaille bien plus activement au salut de la république que toi à sa ruine. Je dis que toi, cette avant-dernière nuit, tu es venu aux Taillandiers, — ma voix ne laissera rien dans l'ombre — dans la maison de M. Laeca ; qu'avec toi s'y étaient réunis maints complices de ta folie criminelle. Tu n'oses pas nier. Pourquoi te taire ? Je prouverai, si tu nies. Car je vois ici, dans le Sénat, des gens qui étaient là-bas avec toi.