Thème 1 : citoyenneté

 

 

Texte :

A. Vitellio L- Vipstano consulibus cum de supplendo senatu agitaretur primoresque Galliae, quae Comata appellatur, foedera et ciuitatem Romanam pridem adsecuti, ius adipiscendorum in urbe honorum expeterent, multus ea super re uariusque rumor. et studiis diversis apud principem certabatur adseuerantium non adeo aegram Italiam ut senatum suppeditare urbi suae nequiret. suffecisse olim indigenas consanguineis populis nec paenitere ueteris rei publicae. quin adhuc memorari exempla quae priscis moribus ad uirtutem et gloriam Romana indoles prodiderit. an parum quod Veneti et Insubres curiam inruperint, nisi coetus alienigenarum uelut captiuitas inferatur? quem ultra honorem residuis nobilium, aut si quis pauper e Latio senator foret? oppleturos omnia diuites illos, quorum aui proauique hostilium nationum duces exercitus nostros ferro uique ceciderint, diuum Iulium apud Alesiam obsederint. recentia haec: quid si memoria eorum moreretur qui sub Capitolio et arce Romana manibus eorundem perissent satis: fruerentur sane uocabulo ciuitatis: insignia patrum, decora magistratuum ne uulgarent.

 

XXIII. Sous le consulat d'Aulus Vitellius et de L. Vipstanus, il fut question de compléter le sénat. Les principaux habitants de la Gaule chevelue (1), qui depuis longtemps avaient obtenu des traités et le titre de citoyens, désiraient avoir dans Rome le droit de parvenir aux honneurs. Cette demande excita de vives discussions et fut débattue avec chaleur devant le prince. On soutenait "que l'Italie n'était pas assez épuisée pour ne pouvoir fournir un sénat à sa capitale. Les seuls enfants de Rome, avec les peuples de son sang, y suffisaient jadis ; et certes on n'avait pas à rougir de l'ancienne république : on citait encore les prodiges de gloire et de vertu qui, sous ces moeurs antiques, avaient illustré le caractère romain. Était-ce donc peu que des Vénètes et des Insubriens eussent fait irruption dans le sénat ; et fallait-il y faire entrer en quelque sorte la captivité elle-même avec cette foule d'étrangers ? A quels honneurs pourraient désormais prétendre ce qui restait de nobles et les sénateurs pauvres du Latium ? Ils allaient tout envahir, ces riches dont les aïeuls et les bisaïeuls, à la tête des nations ennemies, avaient massacré nos légions, assiégé le grand César auprès d'Alise. Ces injures étaient récentes : que serait-ce si on se rappelait le Capitole et la citadelle presque renversés par les mains de ces mêmes Gaulois ? Qu'ils jouissent, après cela, du nom de citoyens ; mais les décorations sénatoriales, mais les ornements des magistratures, qu'ils ne fussent pas ainsi prostitués." 

Tacite, Annales, livre XI, XXIII

 

http://remacle.org/bloodwolf/historiens/tacite/table.htm