Vous avez déjà au cours de vos lectures rencontré des verbes conjugués à des temps différents, à des voix différentes, à des modes différents. Ce module se propose d'organiser une halte plus formelle sur les modes que présente la conjugaison grecque.

Certains vous sont familiers et ne représentent pas de difficulté particulière d'emploi dans la mesure où la langue française procède de façon équivalente.

a) L'indicatif : ce mode constate ce qui fut, ce qui est ou ce qui sera. Il n'apporte aucune modalité particulière à ce qu'expriment l'aspect ou le temps. Ainsi dans λύω le mode indicatif n'ajoute rien à la valeur de duratif du présent.

θέαμα εἶδον κάλλιστον ὧν εἶδον

Le verbe ici conjugué à l'aoriste de l'indicatif constate un fait passé.

b) L'impératif : ce mode énonce un ordre qui ne peut s'appliquer qu'à autrui ; il exprime un ordre au présent ou à l'aoriste.

Εἰπέ μοι !

Le narrateur, plus loin, interpellera ainsi son compagnon : "Dis-moi !"

 

c) L'infinitif : il peut être défini comme la forme substantive du verbe. Un grand nombre d'emplois de l'infinitif (sans article) relèvent des propositions complétives, soit à titre de sujet, soit à titre d'objet. Il peut exprimer des déterminations variées, complétant des adjectifs ou des verbes.

πόθος με ἔσχεν ἀντιγράψαι

L'infinitif complète le nom.

d) Le participe : le grec emploie beaucoup le participe ; il peut être défini comme la forme adjective du verbe ; il tient à la fois du nom, puisqu'il se décline, et du verbe puisqu'il existe à différents temps. Il peut être en tant qu'adjectif épithète ou attribut. Le participe présent peut exprimer une "simultanéité" tandis que le participe aoriste prend le plus souvent en charge une antériorité. Le participe futur est plutôt réservé à l'expression de la finalité. Nous reviendrons sur l'emploi de ce mode au cours de la troisième leçon.

Ἐν Λέσβῳ θηρῶν ἐν ἄλσει εἶδον

Le participe présent exprime la simultanéité entre les deux actions étroitement liées.

e) Le subjonctif : il révèle à l'inverse de l'indicatif une disposition subjective. Il possède en grec deux valeurs distinctes : l'idée de volonté et celle d'éventualité. Il exprime ainsi dans les propositions indépendantes ou les subordonnées des modalités particulières, comme l'exhortation, la délibération, l'appréhension ou encore la finalité. Il s'agit à chaque fois de rendre compte de la volonté qui s'applique soit au locuteur soit à une autre personne. Le subjonctif éventuel ne se retrouve en attique que dans les subordonnées.

μέχρις ἂν κάλλος ᾖ

L'emploi de ἂν avec le subjonctif renforce l'idée d'éventuel.

f) L'optatif : ce mode doit son nom à la fonction essentielle qu'il prend en charge ; il formule en effet le souhait, en même temps que la possibilité. Il peut ainsi servir à exprimer une prière, ou une imprécation ; de façon dérivée, l'optatif peut aussi adoucir ce qu'il peut y avoir de brutal dans un ordre (impératif) ou de tranchant dans une affirmation de la volonté (subjonctif). D'autre part, la plupart des subordonnées dépendant de principales à un temps secondaire peuvent s'exprimer à l'optatif, qui apparaît alors comme le substitut de l'indicatif aussi bien que du subjonctif. L'optatif de subordination apparaît alors comme un possible de pure hypothèse. La langue grecque choisit cette expression du possible quand la subordonnée qui dépend d'un verbe au passé exprime une action en dehors de la réalité (indicatif) ou en dehors de l'attente (subjonctif).

ὁ θεὸς παράσχοι ...

L'optatif exprime ici un souhait.