Evaluation

Nous vous proposons ici un travail sur corpus qui vous permettra de valider les deux compétences visées par l'ensemble de la séquence.

a) Traduction

- Vous traduirez le premier extrait ainsi que les vers de Perse qui ne sont pas traduits.

b) Commentaire

- Vous répondrez à la question suivante en prenant soin de vous appuyer précisément sur les textes du corpus : de quelle manière les poèmes proposés entrelacent-ils le thème de l' invitation à l'amour et celui de la fuite du temps ?

Texte 1 : poème médiéval

Voici un extrait tiré d'un célèbre poème d'amour médiéval, intégré dans les chansons de festin où la coutume était d'entendre chaque convive réciter des vers.

Carissima, noli tardare :
Studeamus, nos nunc amare :
Sine te non potero uiuere ;
Iam decet amorem perficere.

Quid juvat differe, Electa,
Quae sunt tamen post facienda
Fac cita quod eris factura
In me non est aliqua mora.

Texte 2 : Satire V , Perse ( Poète latin,1er siècle après J. C)

Un extrait tiré d'une Satire de Perse, poète latin. La Volupté prend ici la parole pour inviter à profiter des plaisirs de la vie.

Cras hoc fiet . —Idem cras fiet.—Quid ? quasi magnum
Nempe diem donas ? — Sed, quum lux altera venit,
Jam cras hesternum consumpsimus. Ecce aliud eras
Egerit hos annos, et semper paulum erit ultra. (...)

 

 

Carpamus dulcia : nostrum est
Quod vivis : cinis, et manes, et fabula fies.
Vive memor lethi : fugit hora ; hoc, quod loquor, inde est.

— Demain. — Il en sera demain comme aujourd’hui.
— Un jour n’est pas si long ! — Mais quand il aura lui,
Viendra le lendemain : les jours, les jours s’écoulent;
Ce terme si voisin fuit, recule !... (...)

Texte 3 : Pierre de Ronsard Second livre des Amours

Marie, qui voudrait votre beau nom tourner,
Il trouverait Aimer : aimez-moi donc, Marie,
Faites cela vers moi dont votre nom vous prie,
Votre amour ne se peut en meilleur lieu donner.

S’il vous plaît pour jamais un plaisir demener,
Aimez-moi, nous prendrons les plaisirs de la vie,
Pendus l’un l’autre au col, et jamais nulle envie
D’aimer en autre lieu ne nous pourra mener.

Si faut-il bien aimer au monde quelque chose :
Celui qui n’aime point, celui-là se propose
Une vie d’un Scythe, et ses jours veut passer

Sans goûter la douceur des douceurs la meilleure.
Eh, qu’est-il rien de doux sans Vénus ? las ! à l’heure
Que je n’aimerai point, puissé-je trépasser !

Texte 4 : Robert Herrick  "To the Virgins, to Make Much of Time"
Dans l'un de ses plus célèbres poèmes, « To the Virgins, to Make Much of Time », le poète anglais Herrick( 1591-1674) rappelle aux jeunes femmes la fugacité de leur beauté. La première strophe est la suivante :

Gather ye rosebuds while ye may,
Old Time is still a-flying:
And this same flower that smiles to-day
To-morrow will be dying.

Cueillez dès à présent les roses de la vie

Car le temps jamais ne suspend son vol

Et cette fleur qui aujourd'hui s'épanouit

Demain sera flêtrie.

 

 

Texte 5 : Gérard de Nerval ( 1808- 1855)

Le ballet des heures
Les heures sont des fleurs l’une après l’autre écloses
Dans l’éternel hymen de la nuit et du jour ;
Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
Et ne les donner qu’à l’amour.

Ainsi que de l’éclair, rien ne reste de l’heure,
Qu’au néant destructeur le temps vient de donner ;
Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
Toujours celle qui va sonner.

Et retenez-la bien au gré de votre envie,
Comme le seul instant que votre âme rêva ;
Comme si le bonheur de la plus longue vie
Était dans l’heure qui s’en va.

Vous trouverez toujours, depuis l’heure première
Jusqu’à l’heure de nuit qui parle douze fois,
Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
Les myrtes à l’ombre des bois.

Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;
Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
Rajeunit l’autre sang qui vieillit dans vos veines
Et donne l’oubli du passé.

Que l’heure de l’amour d’une autre soit suivie,
Savourez le regard qui vient de la beauté ;
Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie !
L’amour c’est l’immortalité !

 

Gather Ye rosebuds While Ye May, par John William Waterhouse, (1909)