LUCIEN : L'HISTOIRE VERITABLE" Les Habitants de la Lune " |
Les
Etats et Empires de la lune,
Cyrano de Bergerac
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Extrait du cours d'explication approfondie d'auteurs grecs du Prof. Mund-Dopchie, sur l'Histoire vraie de Lucien (UCL, GLOR 1140) : Cyrano de Bergerac, Les Etats et Empires de la lune (1657), publiés à titre posthume. Il s'agit ici d'une satire burlesque de la société [...]. Cyrano s'est intéressé aux moyens de locomotion concernant le voyage. Il les conçoit différemment.
« Je m'étais attaché tout autour de moi quantité de fioles pleines de rosée, sur lesquelles le soleil dardait ses rayons si violemment, que la chaleur qui les attirait, comme elle fait les plus grosses nuées, m'éleva si haut, qu'enfin je me trouvai au-dessus de la moyenne région. Mais comme cette attraction me faisait monter avec trop de rapidité, et qu'au lieu de m'approcher de la lune, comme je prétendais, elle me paraissait plus éloignée qu'à mon partement, je cassai plusieurs de mes fioles, jusqu'à ce que je sentisse que ma pesanteur surmontait l'attraction, et que je redescendais vers la terre. Mon opinion ne fut point fausse, car j'y retombai quelque temps après... ».
« J'avais fait une machine que je m'imaginais capable de m'élever autant que je voudrais, en sorte que rien de tout ce que j'y croyais nécessaire n'y manquant, je m'assis dedans, et me précipitai en l'air du faîte d'une roche. Mais parce que je n'avais pas bien pris mes mesures, je culbutai rudement dans la vallée. Tout froissé néanmoins que j'étais, je m'en retournai dans ma chambre sans pourtant me décourager. Je pris de la moelle de boeuf, dont je m'oignis tout le corps, car j'étais tout meurtri depuis la tête jusqu'aux pieds ; et après m'être fortifié le coeur d'une bouteille d'essence cordiale, je m'en retournai chercher ma machine... ».
La machine a été prise par des soldats qui y mettent des fusées, qu'ils allument. Cyrano a juste le temps de se précipiter dans sa machine, qui s'élève dans les cieux :
« ... Vous saurez donc que la flamme, ayant
dévoré un rang de fusées, qu'on avait disposées
six à six, par le moyen d'une amorce qui bordait chaque demi-douzaine,
un autre étage s'embrasait, puis un autre ; en sorte que le salpêtre
embrasé éloignait le péril en le croissant. La matière
toutefois étant usée fit que l'artifice manqua ; et lorsque
je ne songeais plus qu'à laisser ma tête sur celle de quelque
montagne, je sentis (sans que je remuasse aucunement) mon élévation
continuer, et ma machine prenant congé de moi, je la vis retomber
vers la terre. Cette aventure extraordinaire me gonfla le coeur d'une
joie si peu commune, que ravi de me voir délivré d'un danger
assuré, j'eus l'impudence de philosopher dessus. Comme donc je
cherchais des yeux et de la pensée ce qui en pouvait être
la cause, j'aperçus ma chair boursouflée, et grasse encore
de la moelle dont je m'étais enduit pour les meurtrissures de mon
trébuchement ; je connus qu'étant alors en décours,
et la lune pendant ce quartier ayant accoutumé de sucer la moelle
des animaux, elle buvait celle dont je m'étais enduit avec d'autant
plus de force que son globe était plus proche de moi, et que l'interposition
des nuées n'en affaiblissait point la vigueur ». |
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Responsable pédagogique et contact FR : G. Cherqui
Auteur de la leçon : S. Van Esch
Dernière mise à jour : 10 novembre 2005