Un pan entier du paysage éducatif « classique » risque donc de s’effacer progressivement.

Une mesure : Consciente de cette menace, l’Éducation nationale française a développé une large gamme de remédiations où une place privilégiée est laissée à une formule d’enseignement nouvelle faisant appel aux technologies nouvelles avec comme objectifs prioritaires de fidéliser le public restant acquis aux langues anciennes et, surtout, d’en élargir l’assise.

Une formule : Une combinaison d’enseignements donnés en présentiel et d’enseignements tutorés à distance. Ratio : une heure en présentiel pour 2H00 à distance. L’enseignement à distance est basé sur un recours intensif aux nouvelles technologies. Ce type d’enseignement sera dispensé en France dans des établissements d’enseignement volontaires à partir de la rentrée 2005-2006.

Un partenaire français (contenus pédagogiques) : le Lycée ouvert de Grenoble (LOG), entité relevant de l’Académie de Grenoble, pratique déjà l’enseignement à distance depuis quelques années dans le cadre d’un projet spécifique subventionné par le Fonds social européen : il s’agit, par exemple, de fournir à des étudiants immobilisés sur place (accident de ski, par exemple) une possibilité de suivre des cours à distance de manière à ne pas (trop) perturber leur année scolaire. De même sont pris en considération des sportifs de haut niveau empêchés de suivre un horaire de cours normal pendant leur période d’entraînement et de compétition.

Le Lycée ouvert est également appelé à organiser et à gérer, dans sa zone géographique, les enseignements à distance de la formule ici proposée pour les langues anciennes.

Un partenaire belge (appui technologique) : les Projets ITINERA ELECTRONICA et HODOI ELEKTRONIKAI, portés, à l’Université catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve (UCL-LLN), par le Département des Études grecques, latines et orientales de la Faculté de philosophie et lettres (FLTR / GLOR), pratiquent, depuis 1998, les nouvelles technologies au profit des langues anciennes par le biais, non seulement, de banques et de bases de données textuelles mais aussi via des parcours didactiques et des leçons d’apprentissage interactives recourant à de nombreuses applications tant en ligne que hors ligne.

Ainsi, en l'an 2000, lors de l'arrivée systématique d'ordinateurs et de salles didactiques dans les établissements belges d'enseignement secondaire (partie Sud du pays), le secteur des langues anciennes du réseau libre a fait appel à l'Université pour l'initiation des maîtres aux nouvelles technologies et à la création de contenus pédagogiques (les parcours didactiques du Projet ITINERA ELECTRONICA).

Une rencontre - un Projet : Les responsables des Académies de Grenoble et de Lyon, ont rencontré, avec leurs collègues du LOG, ceux des projets ITINERA ELECTRONICA et HODOI ELEKTRONIKAI le 11 février 2005 à Grenoble pour envisager l’élaboration commune et la mise à disposition sur la Toile de contenus pédagogiques au bénéfice des langues anciennes, le dispositif envisagé étant largement appuyé par les technologies nouvelles intégrées dans une nouvelle formule d’enseignement : le projet « HELIOS».

Dans la même logique, des actions spécifiques seront parallèlement supportées tant à l'UCL-LLN, dans le cadre de l'internationalisation de la finalité didactique des programmes de maîtrise (masters) qu’à l'Académie de Grenoble, dans le cadre du Lycée ouvert de Grenoble et du Cartable numérique isérois.

Une Convention - un Plan d'action initial : Une Convention de Coopération a été rédigée en ce sens et un Plan d’action initial défini.

Première leçon :

Ces leçons ont reçu, le 6 avril 2005, la VALIDATION de la part des responsables pédagogiques du projet «HELIOS» :

Monsieur Guy Cherqui, inspecteur d’Académie, pour la France,
Monsieur Paul-Augustin DEPROOST, professeur d'Université à l'UCL et
Monsieur Alain Meurant, professeur d’Université à l’UCL, pour la Belgique.

Pour l’heure, les deux leçons créées ne comportent pas encore de Pistes de lecture. Par leur truchement, l’enseignant est en principe appelé à déployer sa sensibilité personnelle nourrie de lectures, de savoirs, d’expériences acquises tout au long de sa carrière. Elles sont à considérer comme un Livre ouvert, dans lequel chaque formateur, mettant en oeuvre l’une de ces leçons, peut écrire des pages de son cru.

Ainsi, et à titre d’exemple, pour la leçon grecque, ont eté envisagées les pistes suivantes : la notion de banquet dans l’Antiquité (Platon, Xénophon, Lucien, Plutarque, Athénée et Macrobe ont écrit sur ce thème : ces oeuvres sont actuellement en traitement pour la constitution d’environnements hypertextes) ; la place réservée aux femmes dans ces réunions festives, et plus généralement, dans la société athénienne (cf. André BONNARD, La Civilisation grecque, Lausanne, 1954, pp. 147-154), le Dieu Amour (Eros) et l’Amour, objets de discussions dans les banquets de Platon et de Xénophon, y compris l’amour grec etc., etc.

Deux attitudes se rencontrent actuellement à propos de l’apprentissage du grec et du latin

• une optique défaitiste : les montres sont réglées sur 23H55 ; dans peu de temps, cet apprentissage ne sera plus pratiqué faute d’étudiants, faute de maîtres, faute de ...

• une optique volontariste : les montres sont avancées sur 0H05 : une nouvelle aube se lève sur l’apprentissage des langues anciennes ; le projet «HELIOS» recrute du côté de ces enseignants qui veulent toujours y croire.

Au vu de ce qui précède, le projet «HELIOS» constitue donc tout à la fois une entreprise inédite, insolite et ingénieuse :

• inédite : par le choix d’une formule d’enseignement nouvelle des langues anciennes : en présentiel, pour une partie, et en enseignement tutoré à distance (dans une salle didactique ou à domicile), pour l’autre partie ;

• insolite : par l’association d’Académies (Grenoble, Lyon), du Lycée ouvert (LOG), d’établissements scolaires français autour de contenus mutualisés, en association avec une Université (UCL-LLN) fournissant pour sa part son savoir-faire pour le déploiement de l’appui technologique que nécessite ce type d’enseignement innovant ;

• ingénieuse : par le recours voulu à l’ingénierie informatique dans ce qu’elle peut offrir de plus performant et d’efficient pour l’apprentissage des langues, en général, et des langues anciennes en particulier.

En dehors de ces prémisses, tout reste encore à faire, soit :

• l’évaluation des deux leçons modèles sur le terrain pour en corriger ou en amender le contenu et/ou le dispositif pédagogique ;

• la scénarisation des leçons existantes en étapes appelées à guider pas à pas les apprenants dans leur apprentissage ;

• la création d’autres leçons plus particulièrement centrées sur les besoins de grands débutants (langue grecque) ;

• l’environnement matériel : peu d’enseignants bénéficient de postes de travail décents et adaptés à la création de contenus multimédia de haut niveau ; peu d’étudiants ont à leur disposition – comme ceux des collèges pourvus de portables dans le cadre du Projet Cartable numérique Isérois – un équipement portable fourni par l’institution ; une nouvelle infrastructure est en attente au LOG pour l’installation du site-miroir de celui actuellement hébergé sur le serveur de la Faculté de philosophie et lettres de l’UCL ;

• la formation et l’encadrement des enseignants au recours (productif) à l’outil informatique, en général et à la logique du système «HELIOS» plus particulièrement (enseignants créateurs-éditeurs et enseignants tuteurs) ;

• la poursuite de la mise à disposition de banques de textes, d’environnements hypertextes et d’applications interactives en fonction des besoins énoncés par les enseignants partenaires du projet ;

• la mise au point d’actions spécifiques tant au LOG qu’à l’UCL-LLN ;

• etc., etc.

• Appel aux établissements d’enseignement en France et en Belgique et plus largement de toute la francophonie (Suisse, Canada, Afrique du Nord, …) pour rejoindre l’association formée à Grenoble et à Louvain-la-Neuve ou pour y participer à un titre ou à un autre ;

• Appel aux enseignants du monde francophone pour la création de contenus pédagogiques dédiés à l’apprentissage électronique des langues latine et grecque, qu’il s’agisse de séquences de cours déjà éprouvées en classe (l’interface technique est du ressort de l’UCL-LLN), de la mise à disposition de dossiers thématiques abordant différents sujets utilisés et testés avec des élèves ou de l’apport d’informations venant alimenter les Pistes de lecture liées aux différentes leçons ;

• Appel aux enseignants pour l’utilisation, au sein de leurs établissements, des contenus diffusés par le projet «HELIOS» de manière à mettre à l'épreuve le plus largement possible ce type d’enseignement;

• Appel aux enseignants mais aussi à leurs élèves (dans le cadre des leçons et des instances forums y attachés) pour la participation au Forum de discussion :
  HELIOS - Langues anciennes (LOG Grenoble & UCL-LLN)

  lié au projet «HELIOS» (l'inscription préalable est nécessaire).

• Participation / association au Projet HELIOS :

  FR : François CHARLON, Proviseur du LOG Grenoble
  BE : Paul-Augustin DEPROOST, Président du Département d’Études grecques, latines et orientales (UCL-LLN)

• Acceptation et validation de contenus :

  FR : Guy CHERQUI, Inspecteur d’Académie et responsable pédagogique du projet «HELIOS»
  BE : Paul-Augustin DEPROOST, Président du Département d’Études grecques, latines et orientales (UCL-LLN)
  BE : Alain MEURANT Professeur d’Université (UCL-LLN) et responsable pédagogique du projet «HELIOS»

• Ingénierie d’édition :

  FR : Sophie Van ESCH, enseignante au Collège le Masségu à Vif près de Grenoble

• Ingénierie informatique :

  BE : Boris MAROUTAEFF, Christian RUELL, Jean SCHUMACHER

Si nous restons peu nombreux, les réalisations risquent de ne pas rencontrer les objectifs fixés. Si les vocations se multiplient, des moyens supplémentaires devront être trouvés, mais des solutions sont envisagées..

La Convention court (initialement) sur une période de trois ans. A son terme , un état de la situation sera dressé pour apprécier la portée et le niveau de succès de l’entreprise. Des constats seront dégagés, des conclusions tirées.

Que ceux que tente l’aventure et qui éprouvent tout à la fois la volonté de donner un nouveau tonus à l’enseignement des langues anciennes et le besoin de montrer que, loin d’être démodé, il a toute sa place dans les sociétés du XXIe siècle n’hésitent pas à le rejoindre pour ajouter leur pierre à l’édifice.