LUCIEN : L'HISTOIRE VERITABLE

" Les Habitants de la Lune "

 

Les Etats et Empires de la lune, Cyrano de Bergerac

 

Extrait du cours d'explication approfondie d'auteurs grecs du Prof. Mund-Dopchie, sur l'Histoire vraie de Lucien (UCL, GLOR 1140) :

Cyrano de Bergerac, Les Etats et Empires de la lune (1657), publiés à titre posthume.

Il s'agit ici d'une satire burlesque de la société [...]. Cyrano s'est intéressé aux moyens de locomotion concernant le voyage. Il les conçoit différemment.

  • Dans une première partie, qui amène notre héros par la voie des airs de la France au Canada, c'est la rosée, élément lunaire, qui est utilisée :

« Je m'étais attaché tout autour de moi quantité de fioles pleines de rosée, sur lesquelles le soleil dardait ses rayons si violemment, que la chaleur qui les attirait, comme elle fait les plus grosses nuées, m'éleva si haut, qu'enfin je me trouvai au-dessus de la moyenne région. Mais comme cette attraction me faisait monter avec trop de rapidité, et qu'au lieu de m'approcher de la lune, comme je prétendais, elle me paraissait plus éloignée qu'à mon partement, je cassai plusieurs de mes fioles, jusqu'à ce que je sentisse que ma pesanteur surmontait l'attraction, et que je redescendais vers la terre. Mon opinion ne fut point fausse, car j'y retombai quelque temps après... ».

  • Dans une seconde étape, Cyrano fabrique une machine et prend quelques précautions :

« J'avais fait une machine que je m'imaginais capable de m'élever autant que je voudrais, en sorte que rien de tout ce que j'y croyais nécessaire n'y manquant, je m'assis dedans, et me précipitai en l'air du faîte d'une roche. Mais parce que je n'avais pas bien pris mes mesures, je culbutai rudement dans la vallée. Tout froissé néanmoins que j'étais, je m'en retournai dans ma chambre sans pourtant me décourager. Je pris de la moelle de boeuf, dont je m'oignis tout le corps, car j'étais tout meurtri depuis la tête jusqu'aux pieds ; et après m'être fortifié le coeur d'une bouteille d'essence cordiale, je m'en retournai chercher ma machine... ».

La machine a été prise par des soldats qui y mettent des fusées, qu'ils allument. Cyrano a juste le temps de se précipiter dans sa machine, qui s'élève dans les cieux :

« ... Vous saurez donc que la flamme, ayant dévoré un rang de fusées, qu'on avait disposées six à six, par le moyen d'une amorce qui bordait chaque demi-douzaine, un autre étage s'embrasait, puis un autre ; en sorte que le salpêtre embrasé éloignait le péril en le croissant. La matière toutefois étant usée fit que l'artifice manqua ; et lorsque je ne songeais plus qu'à laisser ma tête sur celle de quelque montagne, je sentis (sans que je remuasse aucunement) mon élévation continuer, et ma machine prenant congé de moi, je la vis retomber vers la terre. Cette aventure extraordinaire me gonfla le coeur d'une joie si peu commune, que ravi de me voir délivré d'un danger assuré, j'eus l'impudence de philosopher dessus. Comme donc je cherchais des yeux et de la pensée ce qui en pouvait être la cause, j'aperçus ma chair boursouflée, et grasse encore de la moelle dont je m'étais enduit pour les meurtrissures de mon trébuchement ; je connus qu'étant alors en décours, et la lune pendant ce quartier ayant accoutumé de sucer la moelle des animaux, elle buvait celle dont je m'étais enduit avec d'autant plus de force que son globe était plus proche de moi, et que l'interposition des nuées n'en affaiblissait point la vigueur ».

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Responsable pédagogique et contact FR : G. Cherqui

Auteur de la leçon : S. Van Esch

Dernière mise à jour : 10 novembre 2005