Le mythe des individus de forme ronde:

Platon, Le Banquet

 

A propos du mythe : Evocation de l'androgyne aux premiers temps de la nature, Lucrèce, De natura rerum, v 830 sqq.

 

Aux vers 830 et suivants du De natura rerum, Lucrèce évoque l'évolution inéluctable du monde : aux premiers temps de la nature vécurent des monstres, tels que l'androgyne du Banquet de Platon, mais ces créatures ne connurent pas de descendance et disparurent pour laisser la place à d'autres ...

On a mis en rouge les vers qui font référence au mythe du Banquet.

 

mutat enim mundi naturam totius aetas
ex alioque alius status excipere omnia debet

[5,830] nec manet ulla sui similis res: omnia migrant,
omnia commutat natura et uertere cogit.
namque aliud putrescit et aeuo debile languet,
porro aliud <suc>crescit et <e> contemptibus exit.
sic igitur mundi naturam totius aetas
835 mutat, et ex alio terram status excipit alter,
quod potuit nequeat, possit quod non tulit ante.
Multaque tum tellus etiam portenta creare
conatast mira facie membrisque coorta,
androgynem, interutras necutrumque utrimque remotum,


[5,840] orba pedum partim, manuum uiduata uicissim,
muta sine ore etiam, sine uoltu caeca reperta,
uinctaque membrorum per totum corpus adhaesu,
nec facere ut possent quicquam nec cedere quoquam
nec uitare malum nec sumere quod uolet usus.
845 cetera de genere hoc monstra ac portenta creabat,
ne quiquam, quoniam natura absterruit auctum
nec potuere cupitum aetatis tangere florem
nec reperire cibum nec iungi per Veneris res.
multa uidemus enim rebus concurrere debere,

[5,850] ut propagando possint procudere saecla;
pabula primum ut sint, genitalia deinde per artus
semina qua possint membris manare remissis,
feminaque ut maribus coniungi possit, habere,
mutua qui mutent inter se gaudia uterque.
855 Multaque tum interiisse animantum saecla necessest
nec potuisse propagando procudere prolem.

L'évolution du monde entier est le fruit du temps, les choses passent nécessairement d'un état à un autre,

[5,830] aucune ne reste semblable à soi, tout s'en va, tout change, tout se métamorphose par la volonté de la nature.
Telle existence tombe en poussière ou languit de vieillesse, tandis qu'une autre croît à sa place, sortie de la fange.
C'est donc ainsi que le monde entier évolue dans le temps et que d'état en état passe la terre: ce dont elle était
capable, elle ne l'est plus, mais elle peut ce qui lui fut impossible.
Que de monstres la terre en travail s'efforça de créer, étranges de traits et de structure!
On vit l'androgyne, qui tient des deux sexes mais n'appartient à aucun, et n'est ni l'un ni l'autre;

[5,840] on vit des êtres sans pieds et sans mains, ou muets et sans bouche, ou sans regard, aveugles,
ou bien dont les membres adhéraient tous au tronc et qui ne pouvaient ni
agir, ni marcher, ni éviter un péril, ni pourvoir à leurs besoins. Tous ces monstres et combien d'autres
de même sorte furent créés en vain, la nature paralysa leur croissance et ils ne purent toucher à la fleur tant désirée
de l'âge, ni trouver de nourriture, ni s'unir par les liens de Vénus. Il faut en effet, nous le voyons,
tout un concours de circonstances

[5,850] pour que les espèces puissent durer en se reproduisant: des aliments d'abord, puis des germes féconds
distribués dans l'organisme avec une issue par où ils puissent s'écouler hors du corps alangui,
et enfin, pour que la femelle puisse se joindre au mâle, des organes qui leur permettent d'échanger des joies partagées.
Beaucoup d'espèces durent périr sans avoir pu se reproduire et laisser une descendance. ...

 


 

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Responsable pédagogique et contact FR : G. Cherqui

Editrice de la leçon : S. Van Esch , relecture et compléments : V.Mestre-Gibaud
Dernière mise à jour : 3 avril 2005