Le mythe des individus de forme ronde:

Platon, Le Banquet

 

Document : Railleries à l'encontre de Socrate, Aristophane, Les Nuées, vers 218 -254

 

Le discours d'Aristophane est une réponse de Platon pour défendre son maître Socrate, raillé par l'auteur comique. Dans le Banquet, un violent hoquet empêche dans un premier temps Aristophane de prendre la parole ; cette situation ridicule répond aux railleries qui accablent Socrate dans Les Nuées, comédie d'Aristophane.

 

Στρεψιάδης
Νὴ Δί᾿, οἰμώξεσθ᾿ ἄρα.
Φέρε τίς γὰρ οὗτος οὑπὶ τῆς κρεμάθρας ἀνήρ ;

Μαθητής
Αὐτός.
Στρεψιάδης
Τίς αὐτός;
Μαθητής
Σωκράτης.
Στρεψιάδης
 Ὦ Σωκράτης.
ἴθ’ οὗτος, ἀναβόησον αὐτόν μοι μέγα.
Μαθητής
Αὐτὸς μὲν οὖν σὺ κάλεσον· οὐ γάρ μοι σχολή. 220
Στρεψιάδης
Ὦ Σώκρατες,
ὦ Σωκρατίδιον.
Σωκράτης
Τί με καλεῖς, ὦφήμερε ;
Στρεψιάδης
Πρῶτον μὲν ὅ τι δρᾷς, ἀντιβολῶ, κάτειπέ μοι.
Σωκράτης
Ἀεροβατῶ καὶ περιφρονῶ τὸν ἥλιον. 225
Στρεψιάδης
Ἐπειτ᾿ ἀπὸ ταρροῦ τοὺς θεοὺς ὑπερφρονεῖς,
ἀλλ’ οὐκ ἀπὸ τῆς γῆς, εἴπερ;
Σωκράτης
Οὐ γὰρ ἄν ποτε
ἐξηῦρον ὀρθῶς τὰ μετέωρα πράγματα,
εἰ μὴ κρεμάσας τὸ νόημα καὶ τὴν φροντίδα
λεπτὴν καταμείξας ἐς τὸν ὅμοιον ἀέρα. 230
Εἰ δ’ ὢν χαμαὶ τἄνω κάτωθεν ἐσκόπουν,
οὐκ ἄν ποθ᾿ ηὗρον· οὐ γὰρ ἀλλ᾿ ἡ γῆ βίᾳ
ἕλκει πρὸς αὑτὴν τὴν ἰκμάδα τῆς φροντίδος.
Πάσχει δὲ ταὐτὸ τοῦτο καὶ τὰ κάρδαμα.
Στρεψιάδης
Τί φῄ ς; 235
φροντὶς ἕλκει τὴν ἰκμάδ’
ἐς τὰ κάρδαμα;
Ἴθι νυν κατάβηθ’ ὦ Σωκρατίδιον ὡς ἐμέ,
ἵνα με διδάξῃς ὧνπερ οὕνεκ’ ἐλήλυθα.
Σωκράτης
Ἦλθες δὲ κατὰ τ ί;
Στρεψιάδης
Βουλόμενος μαθεῖν λέγειν·
ὑπὸ γὰρ τόκων χρήστων τε δυσκολωτάτων 240
ἄγομαι φέρομαι, τὰ χρήματ’ ἐνεχυράζομαι.
Σωκράτης
Πόθεν δ’ ὑπόχρεως σαυτὸν ἔλαθες γενόμενος ;
Στρεψιάδης
Νόσος μ’
ἐπέτριψεν ἱππικὴ δεινὴ φαγεῖν.
Ἀλλά με δίδαξον τὸν ἕτερον τοῖν σοῖν λόγοιν,
τὸν μηδὲν ἀποδιδόντα. Μισθὸν δ ’ὅντιν’ ἂν 245
πράττῃ μ’ ὀμοῦμαί σοι καταθήσειν τοὺς θεούς.
Σωκράτης
Ποίους θεοὺς ὀμεῖ σύ ; Πρῶτον γὰρ θεοὶ
ἡμῖν νόμισμ’ οὐκ ἔστι.
Στρεψιάδης
Τῷ γὰρ ὄμνυτε ; 
Σιδαρέοισιν ὥσπερ ἐν Βυζαντίῳ;
Σωκράτης
Βούλει τὰ θεῖα πράγματ’ εἰδέναι σαφῶς 250
ἅττ’ ἐστὶν ὀρθῶς;
Στρεψιάδης
Νὴ Δί᾿, εἴπερ ἐστί γε.
Σωκράτης
Καὶ ξυγγενέσθαι ταῖς Νεφέλαισιν ἐς λόγους,
ταῖς ἡμετέραισι δαίμοσιν ;
Στρεψιάδης
Μάλιστά γε.
Σωκράτης
Κάθιζε τοίνυν ἐπὶ τὸν ἱερὸν σκίμποδα.
Στρεψιάδης
Ἰδού, κάθημαι. 255
Σωκράτης
Τουτονὶ τοίνυν λαβὲ
τὸν στέφανον.
Στρεψιάδης
Ἐπὶ τί στέφανον ; Οἴμοι, Σώκρατες,
ὥσπερ με τὸν Ἀθάμανθ’ ὅπως μὴ θύσετε.
Σωκράτης
Οὔκ , ἀλλὰ ταῦτα πάντα τοὺς τελουμένους
ἡμεῖς ποιοῦμεν.
Στρεψιάδης
Εἶτα δὴ τί κερδανῶ ;
Σωκράτης
Λέγειν γενήσει τρῖμμα κρόταλον παιπάλη. 260
Ἀλλ᾿ ἔχ᾿ ἀτρεμεί.
Στρεψιάδης
Μὰ τὸν Δί᾿ οὐ ψεύσει γέ με·
καταπαττόμενος γὰρ παιπάλη γενήσομαι

STREPSIADE.
Par Zeus! [...] . Mais quel est donc cet homme juché dans un panier ?
LE DISCIPLE.
Lui.
STREPSIADE.
Qui, lui ?
LE DISCIPLE.
Socrate.
STREPSIADE.
Socrate ! Voyons, toi, appelle-le-moi donc bien fort.
LE DISCIPLE.
Appelle-le toi-même. Moi, je n'en ai pas le temps.
STREPSIADE.
Socrate, mon petit Socrate
SOCRATE.
Pourquoi m'appelles-tu, être éphémère ?
STREPSIADE.
Et d'abord que fais-tu là ? Je t'en prie, dis-le-moi.
SOCRATE.
Je marche dans les airs et je contemple le soleil.
STREPSIADE.
Alors c'est du haut de ton panier que tu regardes les dieux, et non pas de la terre, si toutefois...
SOCRATE.
Je ne pourrais jamais pénétrer nettement dans les choses d'en haut, si je ne suspendais mon esprit, et si je ne mêlais la subtilité de ma pensée avec l'air similaire. Si, demeurant à terre, je regardais d'en bas les choses d'en haut, je ne découvrirais rien. Car la terre attire à elle l'humidité de la pensée. C'est précisément ce qui arrive au cresson.
STREPSIADE.
Que dis-tu ? Ta pensée attire l'humidité sur le cresson ? Mais maintenant descends, mon petit Socrate, afin de m'enseigner les choses pour lesquelles je suis venu.
SOCRATE.
Pourquoi es-tu venu ?
STREPSIADE.
Je veux apprendre à parler. Les prêteurs à intérêts, race intraitable, me poursuivent, me harcellent, se nantissent de mon bien.
SOCRATE.
Comment t'es-tu donc endetté sans le savoir ?
STREPSIADE.
C'est l'hippomanie qui m'a ruiné, maladie dévorante. Mais enseigne-moi l'un de tes deux raisonnements, celui qui sert à ne pas payer, et, quel que soit le salaire, je jure par les dieux de te le payer.
SOCRATE.
Par quels dieux jures-tu ? D'abord les dieux ne sont pas chez nous une monnaie courante.
STREPSIADE.
Par quoi jurez-vous donc ? Est-ce par de la monnaie de fer, comme à Byzance ?
SOCRATE.
Veux-tu connaître nettement les choses célestes, ce qu'elles sont au juste ?
STREPSIADE.
Oui, par Zeus ! si elles sont.
SOCRATE.
Et converser avec les Nuées, nos divinités ?
STREPSIADE.
Assurément.
SOCRATE.
Assois-toi donc sur la banquette sainte.
STREPSIADE.
Voilà, je suis assis.
SOCRATE.
Maintenant prends cette couronne.
STREPSIADE.
A quoi bon une couronne ? Malheur à moi, Socrate ! Est-ce que vous allez me sacrifier comme Achamas ?
SOCRATE.
Non ; c'est tout ce que nous faisons aux initiés.
STREPSIADE.
Eh bien, qu'y gagnerai-je ?
SOCRATE.
D'être un roué en fait de langage, une cliquette, une fleur de farine. Seulement, ne bouge pas.
STREPSIADE.
Par Zeus ! tu ne mens pas ! Saupoudré comme je suis, je vais devenir fleur de farine.

 


 

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Responsable pédagogique et contact FR : G. Cherqui

Editrice de la leçon : S. Van Esch , relecture et compléments : V.Mestre-Gibaud
Dernière mise à jour : 3 avril 2005