TEXTE 4 : L'ILIADE,III, vers 421-447

Grammaire

Nous vous invitons à relire, si nécessaire, les fiches précédentes (1, 2, 3) pour répondre à des interrogations au sujet de la langue homérique; nous n'aborderons ici que des points non encore évoqués.

a) Homère emploi le verbe κίω dont le présent est aussi attesté chez le poète dramatique Eschyle; on note le fréquent usage de ce verbe défectif: ἔκιον :

κίε δῖα γυναικῶν. aoriste sans augment

δὲ κιών, participe

b) Le duel est d'usage particulier dans la langue homérique:

ὄσσε πάλιν κλίνασα, cette forme est celle principalement attestée [les deux yeux]

εὐνηθέντε

Ainsi il est exceptionnel pour la première déclinaison; pour la deuxième déclinaison la désinence homérique est οοιιν au lieu de οιν en attique pour le génitif-datif.On retrouve cette même désinence pour les mots de la troisième déclinaison.

c) Les comparatifs en -ίων ont plutôt les formes pleines -ονα,ονες que les formes contractées -ω,-ους; on peut noter aussi les comparatifs homériques : φίλτερος,βέλτερος, φέρτερος: meilleur; κακώτερος...; les superlatifs φέρτατος; κάριστος...

ἔγχεϊ φέρτερος

d) L'impératif homérique: le verbe εἰμί présente les formes suivantes:

ἔσσο ; ἔστων

Homère emploie fréquemment la désinence -θι à l'impératif:

ἀλλ᾽ ἴθι νῦν

e) Le subjonctif : Homère a conservé un grand nombre de subjonctifs à voyelles brèves, où l'ο est non la voyelle thématique mais le suffixe du subjonctif:

τραπείομεν

f) Dans le dialecte homérique, les prépositions qui servent à former les verbes composés sont souvent coupées du verbe: il y a alors tmèse . Ces prépositions gardent alors leur sens adverbial:

κατὰ δάκρυ χέουσα, laissant tomber des larmes [versant des larmes en bas]

πάρα γὰρ θεοί εἰσι καὶ ἡμῖν, en effet à nous aussi les dieux portent assistance

g) L'emploi de ὀφέλλω : ce verbe existe seulement au présent et à l'aoriste; il a le sens de "devoir" "être redevable";on le trouve surtout dans les formules de souhait avec des particules précisant le sens:

αἵθ' ὤφελλες,plût aux dieux que tu ...[+ infinitif]

ὤφελλον μή..., plût aux dieux que ne ...pas

ὡς ὤφελες αὐτόθ᾽ ὀλέσθαι, ah si seulement tu y avais péri![ L'aoriste apporte l'idée de regret. ]

h) l'emploi de μή :

μή πως τάχ᾽ ὑπ᾽ αὐτοῦ δουρὶ δαμήῃς

Avec le subjonctif, la conjonction μή exprime alors la crainte; le verbe principal dont cette proposition dépend peut être exprimé explicitement ou sous-entendu.