Dans leur conquête de l'Italie du Sud, les Romains eurent à affronter des adversaires extraordinaires : Pyrrhus, le roi d'Epire, fut le premier à leur opposer des éléphants de combat vers 280 av. J. C..
Rome attaque Tarente, que Pyrrhus défend.
Pyrrhus, plus ardent que tous les autres, et brûlant de venger une ville à moitié grecque, qui avait les Lacédémoniens pour fondateurs, venait par mer et par terre, avec toutes les forces de l'Épire, de la Thessalie, de la Macédoine, avec des éléphants jusqu'alors inconnus, et ajoutait encore à la force de ses guerriers, de ses chevaux et de ses armes, la terreur qu'inspiraient ces animaux. Ce fut près d'Héraclée, sur les bords du Liris, fleuve de la Campanie, et sous les ordres du consul Lévinus, que se livra le premier combat. Il fut si terrible qu'Obsidius, commandant de la cavalerie Férentine, ayant chargé le roi, le mit en désordre et le força de sortir de la mêlée, dépouillé des marques de sa dignité. C'en était fait de Pyrrhus, lorsqu'accoururent les éléphants qui changèrent, pour les Romains, le combat en spectacle. Leur masse, leur difformité, leur odeur inconnue, leur cri aigu, épouvantèrent les chevaux qui, croyant ces ennemis nouveaux plus redoutables qu'ils n'étaient en effet, causèrent, par leur fuite, une vaste et sanglante déroute. On combattit ensuite avec plus de succès, près d'Asculum, en Apulie, sous les consuls Curius et Fabricius. Déjà en effet l'épouvante occasionnée par les éléphants s'était dissipée ; et Caius Minucius, hastaire de la quatrième légion, en coupant la trompe de l'un d'eux, avait montré que ces animaux pouvaient mourir. Dès lors on les accabla aussi de traits, et des torches lancées contre les tours couvrirent les bataillons ennemis tout entiers de débris enflammés. Le carnage ne finit que quand la nuit sépara les combattants, et le roi lui-même, blessé à l'épaule, et porté par ses gardes sur son bouclier, fut le dernier à fuir. Une dernière bataille fut livrée en Lucanie par les mêmes généraux que j'ai nommés plus haut, dans les plaines qu'on nomme Arusines ; mais ici la victoire fut complète, et, pour la décider, le hasard fit ce que d'ailleurs eût fait la valeur romaine. Les éléphants étaient de nouveau placés sur le front de l'armée ; un d'eux, tout jeune encore, fut grièvement blessé d'un trait qui lui perça la tête ; il tourna le dos, et écrasa, dans sa course, les soldats de cette armée. A ses cris douloureux, sa mère le reconnut et s'élança comme pour le venger. Tout lui paraît ennemi, et, par sa lourde masse, elle porte le désordre autour d'elle. Ainsi ces mêmes animaux, qui avaient enlevé la première victoire et balancé la seconde, nous livrèrent la troisième sans résistance. Florus, Histoire abrégée, I, 18
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D'Alexandre à César, pendant trois siècles, dans toutes les guerres des contrées entourant le bassin méditerranéen, les éléphants ont exercé une influence : placés en première ligne, ils étaient principalement destinés à effrayer les hommes et les chevaux par leurs cris et par leur attitude menaçante.
- A la bataille de Tunis, le spartiate Xanthippe, mercenaire à la solde de Carthage, disposa de 100 éléphants.
- Polybe en mentionne ensuite 140 en Sicile pendant la première guerre punique.
- Pendant la guerre des mercenaires, Hannon en dispose de 100, Hamilcar de 80.
- Hasdrubal, gendre d'Hamilcar, en possédait 200 en Espagne.
- Hannibal en avait 38 ou 40 pour traverser les Pyrénées, il n'en aura plus qu'un une fois les Alpes passées ; 80 seront en ligne à Zama.
- Plus tard, les rois numides et maures possédèrent aussi des éléphants de guerre.
- Jugurtha, selon Salluste, perdit 44 éléphants.
- Juba en amena 120 aux Pompéiens pour combattre Jules César.
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Eléphant d'Antiochos terrassant un guerrier galate, art grec, IIIe-IIe s. av. J.C., terre cuite, Paris, musée du Louvre. Tour de bois, munie de créneaux auxquels pendent deux boucliers et longue bâche équipent l'animal. |
Assiette avec éléphants, Capena, IIIe s. av. J.-C., Musée étrusque, Villa Giulia |
Langley Andrew et Philip De Souza, The Romans News Camdridge, Candlewick Press, 1996 |
Cohen Daniel, Ancient Rome, New York, Doubleday Books, 1992
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