TITE-LIVE : La seconde guerre punique

Scipion

helios / sommaire / introduction générale / textes / fiches grammaticales / fiches lexicales / banque d'activités / documents / bibliographie / dictionnaire / dictionnaire des formes / lexique / grammaire / forum

TEXTE N°6 : Tite-Live, Histoire romaine, XXVIII, 43 - 44,

"Contre Fabius"

 

INTRODUCTION

Ce texte est un discours comme on en rencontre souvent dans les oeuvres des historiens antiques. Le discours, comme le portrait (cf. l'introduction du texte 4), relève en effet de 1'exornatio, et intervient, chez Tite-Live, dès qu'une décision importante doit être prise.

On pourra se reporter, pour le rôle du discours dans l'historiographie, au cours de P.-A. Deproost sur Tite-Live, dont voici un extrait (introduction) :

Depuis Thucydide, le discours est un élément important de toute œuvre historiographique et son rôle principal est de caractériser un personnage affronté à une situation particulière. Chez Tite-Live, le discours est également un élément crucial dans l'explication des faits historiques ou l'évolution des événements (on compte près de 400 discours dans les livres de Tite-Live qui ont été conservés). Comme dans la vie publique romaine (forum, Sénat, etc.), la parole commande le déroulement de l'histoire. Toute l'éducation romaine tend à faire d'un garçon un orateur ; seule la parole publique permet, en effet, de poursuivre une carrière politique, militaire, judiciaire. Dans le monde romain, le pouvoir appartient d'abord à celui qui est éloquent ; l'éloquence est le moyen privilégié de l'action publique. Pour que l'histoire soit à l'image de la vie quotidienne, il faut dès lors qu'elle fasse parler les personnages qui sont les protagonistes des moments décisifs d'une action ; ainsi, par exemple, une guerre commence toujours par un ou plusieurs discours qui permettent d'en connaître les causes, le déroulement sinon d'en induire l'issue. Sur le plan littéraire, cela explique la place de l'art oratoire dans le travail de l'historien, et on ne doit pas s'étonner que Tite-Live écrive l'histoire à la manière d'un déclamateur rompu à toutes les techniques rhétoriques : «Historia opus unum oratorium maxime» («écrire l'historia est une tâche qui revient tout particulièrement à l'orator») écrit Cicéron en leg. I, 5. Comme ses prédécesseurs, Tite-Live compose, en effet, ses discours selon les règles de la rhétorique. Il respecte notamment la distinction des trois genres oratoires : judiciaire (assez peu représenté : e.g. les discours de Persée et de Démétrius en XL, 8), démonstratif (supplications) et délibératif (le plus fréquent), selon qu'il s'agit d'un procès, d'un éloge funèbre ou de débats en assemblée, par exemple. La plupart des discours délibératifs sont construits selon les schémas recommandés par les manuels de rhétorique : exordium, narratio, tractatio (ou discussion), conclusio, et se proposent les trois buts traditionnels de l'orateur : mouere, docere, delectare, comme on en trouve la théorie dans le De oratore de Cicéron.

Les discours, dont l'authenticité est toujours contestable puisqu'ils sont reconstitués par l'historien qui ne dispose évidemment pas du texte original (le plus souvent, les discours n'ont pas été écrits), nous sont rapportés par Tite-Live sous des formes variées : les paroles directes (notre extrait par exemple), les paroles indirectes (un exemple, XXI, 30) ou encore une sorte de résumé des paroles (un exemple, XXVIII, 19).

On cherchera, au cours de l'analyse, à retrouver dans le discours de Scipion, qui a été donné intégralement, les différents éléments recommandés par la rhétorique. Par ailleurs, comme ce discours de Scipion présente la particularité de constituer une réponse à un discours qui précède, celui de Fabius, il est indispensable de lire ce dernier pour mieux mesurer la force de l'argumentation de Scipion.
Lire le discours de Fabius