Objectifs □ scène de vase n°I □ n°II □ n°III □ n°IV □ n°V □ n°VI □ n°VII □ n°VIII Déclinaisons Conjugaisons

VASES PEINTS GRECS □ Lire les mythes héroïques □ Flexion nominale et désinences verbales

□□□□ ὁ Ἄτλας καὶ ὁ Προμηθέυς □□□□

Scène nue  ● Scène avec phylactères en grec  ● Lecture des sources Version adaptée  ● Analyse artistique Prolongements Fiche imprimable

Commentaire d'oeuvre d'art : une scène de vase antique

Cette scène se trouve sur le fond (médaillon) d’une coupe à boire, une kylix dont voici un exemple en guise de modèle.

On appelle céramique à figures noires les vases antiques dont les dessins sont couverts de vernis ; s’oxydant à la cuisson, ils noircissent contrairement au reste du vase ; les détails sont alors gravés au stylet sur le vernis.

Atlas est assurément un héros au sens où l’entend Hésiode, c’est-à-dire une race différente de celle des mortels et des dieux.
Atlas était un Titan. Il avait pour frère Prométhée. Il prit part au combat entre les Dieux et les Titans, appelé la titanomachie (Τιτανομαχία). Pour le punir, Zeus le condamna à porter la voûte du ciel sur ses épaules. Ce médaillon d'une coupe attique à figures noires est une des plus anciennes représentations du mythe d'Atlas qui nous soient parvenues.

Atlas est représenté barbu (1), il plie les genoux sous le poids de la masse qu'il doit soutenir sur les épaules, la voûte céleste, représentée ici comme un rocher massif (2).
Son frère, le Titan Prométhée, est associé à son châtiment. Coupable d'avoir donné le feu aux hommes, il est lié par des liens serrés (3) à une colonne (4) sur laquelle se trouve une statuette représentant un aigle (5), oiseau symbolique de Zeus. Prométhée est soumis au supplice éternel consistant à se faire manger le foie par un aigle (6), bien vivant celui-ci, «les ailes déployées» (Hésiode, Théogonie, vers 523 et 525). Chaque nuit son foie repousse pour être à nouveau mangé le jour.
Le rapprochement des deux épisodes laisse supposer que le peintre s’est directement inspiré de la Théogonie d’Hésiode, où les deux Titans sont décrits l'un après l'autre (respectivement aux vers 509 puis 517-520, et aux vers 521-534).
La longueur de leurs cheveux, réunis en grosses nattes, est particulièrement remarquable.
Nous sommes bien devant une scène de supplices dignes du Tartare : les genoux d’Atlas ploient sous la charge (7), le sang de Prométhée coule à grosses gouttes sous les coups de bec (8), un serpent (9), animal chthonien et symbole des Enfers, menace Atlas.
Au bas du médaillon une colonne (10) sert de support pour l’ensemble de la scène, avec de chaque côté un motif en fleur de lotus (11) particulièrement décoratif, qui permet d’occuper l’ensemble de l’espace et de faire pendant à la voûte céleste. Sur le vernis noir, on note l’usage d’une peinture rouge qui agrémente les détails gravés sur les éléments du dessin.
Fabriquée à Sparte, la céramique laconique tardive (Laconien II) conserve des motifs orientalisants mais introduit la figure noire, presque exclusivement destinée à l'exportation. Cette production atteint son apogée vers 560-550 av. J.-C. La kylix (coupe) à pied haut en est la forme privilégiée et  le peintre d'Arcésilas l’un des plus talentueux artistes de cette époque.

Ces deux mythes évoquent l'hybris (ὕϐρις), la tentation de l'homme de se mesurer aux dieux, ou plus généralement de s'élever au-dessus de sa condition.

Bibliographie : K. Papaioannou, L’art grec, figure n° 668, p. 439. Mazenod, Paris, 1972