Commentaire d'oeuvre d'art : une scène de vase antique
Cette scène se trouve sur le fond (médaillon) d’une coupe à boire, une kylix dont voici un exemple en guise de modèle.
On appelle céramique à figures rouges les vases antiques dont les dessins ne sont pas couverts de vernis ; ne s’oxydant pas à la cuisson, ils ne noircissent pas mais restent de la couleur de la terre cuite, d’une couleur plus ou moins jaune orangé/rouge.
La déesse Athéna se tient sur la droite du médaillon : quatre symboles permettent de l’identifier. La déesse guerrière porte son casque à cimier orné d’un fauve ailé (1), elle tient une lance dans la main droite (2), et porte l’égide frangée de serpents (3). L’égide est une cuirasse faite avec la peau de la chèvre Amalthée et arborant en son centre la tête de la gorgone Méduse. Athéna, fille de Zeus porte-égide (αἰγίοχος, épithète homérique) emprunte souvent à son père cet attribut à la fois protecteur et apotropaïque (ἀποτρόπαιος : protecteur, tutélaire) car il sert à détourner les ennemis en les effrayant. Enfin Athéna, connue pour sa sagesse, tient de la main gauche son animal fétiche, la chouette symbole de l’intelligence (4). La longue tunique d’Athéna, un péplos, est surmontée par l’égide (3) qui recouvre le dos de la déesse : on distingue fort bien les serpents sur les bords du vêtement (5).
Cette représentation d’Athéna est très fréquente, on la retrouve sur les scènes d’autres médaillons (Héraclès et Athéna, Thésée et Athéna).
Le héros est facilement identifiable puisque son nom est écrit en toute lettre, ΙΑΣΟΝ, le long de ses cheveux retombants (6). Sa position n’a ici rien de bien glorieux puisqu’il apparaît en grand danger, le corps nu à demi avalé dans la gueule du dragon aux deux rangées de dents tranchantes, les bras tendus vers le sol dans un geste d’abandon. Nous avons bien affaire au terrible monstre gardien de la toison d’or, la fameuse peau du bélier Chrysomallos dont on distingue bien la tête (7). La toison laineuse est suspendue à un chêne (8) au pied duquel veille le serpent à l’œil terrifiant et au corps couvert d’écailles.
La scène montre le rôle salvateur de la déesse protectrice des héros ; elle vient sauver Jason de la gueule du dragon et lui permettra de s’emparer de la toison d’or, exploit pour lequel il sera à jamais connu.
La qualité graphique de cette scène est remarquable malgré quelques altérations du médaillon (au-dessus des pieds d’Athéna et sur son épaule gauche, sur le chêne…).
Les bordures de médaillon se caractérisent par l'alternance de séries soignées de méandres et de croix. Remarquez que tout l’espace du médaillon est occupé par le dessin avec un souci de précision qui témoigne du talent de l’artiste : admirez notamment le décor du casque d’Athéna, le drapé de son vêtement ou encore les écailles du dragon.
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