Objectifs □ scène de vase n°I □ n°II □ n°III □ n°IV □ n°V □ n°VI □ n°VII □ n°VIII Déclinaisons Conjugaisons

VASES PEINTS GRECS □ Lire les mythes héroïques □ Flexion nominale et désinences verbales

□□□□ ὁ Ὀδυσσεὺς καὶ αἱ Σειρῆνες □□□□

Scène nue  ● Scène avec phylactères en grec  ● Lecture des sources Version adaptée  ● Analyse artistique Prolongements Fiche imprimable

Commentaire d'oeuvre d'art : une scène de vase antique
Cette scène est représentée sur la panse d’un stamnos (ci-contre) . Un stamnos est un grand récipient antique de forme ovoïde, à col et à rebord, muni de deux anses latérales. Il contenait généralement du vin.
On appelle céramique à figures rouges les vases antiques dont les dessins ne sont pas couverts de vernis ; ne s’oxydant pas à la cuisson, ils ne noircissent pas mais restent de la couleur de la terre cuite, d’une couleur plus ou moins jaune orangé/rouge.

Les Sirènes vivent sur une île rocheuse (11). On les reconnaît ici à leur corps d’oiseau surmonté d’une tête de femme (et non pas femme-poisson comme dans les légendes scandinaves), elles sont au nombree trois : deux sont posées sur des rochers, l’une les ailes déployées (à gauche), l’autre les ailes repliées (à droite) et la dernière fait un vol plongeant au-dessus du navire d’Ulysse pour faire entendre de plus près le charme mortel de son chant (1).
Le chant des Sirènes est si mélodieux que tout marin qui les entend brise son vaisseau contre les rochers. La scène représentée sur ce vase est très célèbre et racontée par Homère dans l’Odyssée (XII, v.29-58 et 142-200) : suivant les conseils de la magicienne Circé, Ulysse ordonna à ses compagnons de se boucher les oreilles avec de la cire (2), tandis que lui se faisait attacher au mât de son bateau, mais sans se boucher les oreilles (3). Le chant envoûtant des Sirènes s’éleva ; Ulysse suppliait ses hommes de le détacher, ceux-ci, au contraire, resserraient ses liens, lui permettant ainsi de passer l’épreuve tout en écoutant, les voiles repliées (4) le chant magnifique. Le timonier (5) manœuvre le gouvernail (6) pour garder la direction et les rameurs (2) font lentement glisser le navire. Une anomalie remarquable : on compte six rames pour quatre rameurs.
Le bateau représenté est une embarcation grecque trapue de l’époque classique, une monère (bateau à un seul rang de rameurs) ; c’est la seule image complète d’un navire dans toute la céramique attique à figures rouges. On distingue l’éperon (8), une poupe terminée par une tête de volatile et une minuscule draperie, un panneau couvert de croisillons (7) part de la proue jusqu’au mât au sommet duquel se trouve un cercle de métal et des anneaux (9) pour faire coulisser les drisses (4). À la proue est peint un œil (10) apotropaïque (ἀποτρόπαιος : protecteur, tutélaire) afin de détourner le danger.

L’épisode représenté sur ce vase illustre un grand péril encouru par le héros mythique de l’Odyssée ; son attitude fière, le front levé au ciel (3) montre son courage.

Bibliographie : K. Papaioannou, L’art grec, figure n° 112, p. 282 et 285, Mazenod, Paris, 1972

Le musée imaginaire de la marine antique, Lucien Bach, Athènes 1987