<%@LANGUAGE="JAVASCRIPT" CODEPAGE="1252"%> HELIOSOctaviaComplementsEtude

CLAUDIA OCTAVIA,

soeur de Britannicus et épouse de Néron,

une femme victime du pouvoir impérial

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COMPLÉMENTS D'ÉTUDE
Jugement de Montesquieu sur Néron

Document n°1 :

La généalogie des Césars : Néron successeur de l'empereur Claude

QUESTIONNAIRE

1/ Quel lien de parenté unit Claude à Agrippine II ?

2/ Qui devait logiquement hériter du pouvoir à la mort de Claude ?

3/ Quel lien de parenté unit Britannicus à Néron ?

4/ Pourquoi d'après vous Néron a-t-il épousé Octavie ?

DÉBAT : La course au pouvoir

La fin justifie-t-elle les moyens ? Ad augusta per angusta

 

Document n°2 : BIOGRAPHIE DE NÉRON

Quelques éléments de chronologie (d'après Eugen Cizek)

DATES
VIE DE NÉRON
15 décembre 37
Naissance de Néron, Lucius Domitius Ahenobarbus, fils d'Agrippine la Jeune (ou Agrippine II) nièce de Claude.
50
Claude adopte Néron qui devient Claudius Nero.
53
Néron (16 ans) épouse Octavie (12 ans), sa sœur par adoption, fille de Claude et de Messaline.
13 octobre 54
Mort de l'empereur Claude époux d'Agrippine. Mort de Britannicus, fils de Claude. Néron est proclamé empereur.
fin mars 59
Néron fait assassiner sa mère, Agrippine. Il éloigne son précepteur le philosophe Sénèque.
62

A la mort de Burrus, Tigellin devient préfet du prétoire (chargé de la sécurité de l'Empereur). Néron répudie, puis fait exécuter (19 juin) son épouse Octavie. Il épouse Poppée.

63
Poppée donne le jour à une petite Claudia Augusta (janvier). La fillette décède en mai.
fin juillet 64
Incendie de Rome. Néron ordonne la reconstruction de la ville (nova urbs) ainsi que d'un nouveau palais (domus aurea).
fin avril 65
Conjuration de Pison durement réprimée. De nombreux aristocrates de l'ordre sénatorial étaient impliqués dans ce crime de lèse-majesté. Enceinte, Poppée meurt; elle est divinisée.
66

Néron se marie pour la troisième fois, il choisit Statilia Messalina, une ancienne maîtresse qui lui survivra. L'empereur part en Grèce, se produit dans les jeux et collectionne les triomphes.

67
Rappelé à Rome, Néron doit contenir plusieurs révoltes dans les provinces romaines

11 juin 68

Néron menacé de toutes parts est déchu par le Sénat. Même ses gardes veulent sa mort. Il se suicide.

QUESTIONNAIRE

1/ Quel âge a Néron lorsqu'il accède au pouvoir ?

2/ Quel âge a Néron lorsqu'il épouse Octavie ?

3/ Quel est la différence d' âge entre Claudia Octavia et son époux ?

4/ Quel âge a Claudia Octavia lorsqu'elle est assassinée ?

5/ Combien de temps a régné Néron ?  À quel âge se suicide-t-il ?

RECHERCHE : Trouver d'autres éléments biographiques sur l'empereur Néron.

 

Document n°3 : patronyme bilingue de l'empereur romain NÉRON ( 54 – 68 après JC)

Lucius Domitius Ahenobarbus, fils d'Agrippine la Jeune et de Cneus Domitius Ahenobarbus, fut adopté par l'empereur Claude et devint Nero Claudius Caesar Drusus Germanicus.

Voici son nom tel qu'on le retrouve sur les inscriptions.

en latin
en grec
NERO CLAVDIVS CAESAR AVGVSTVS GERMANICVS IMPERATOR

ΝΕΡΩΝ ΚΛΑΥΔΙΟΣ ΚΑΙΣΑΡ ΣΕΒΑΣΤΟΣ ΓΕΡΜΑΝΙΧΟΣ ΑΥΤΟΚΡΑΤΩΡ

Questions

1 / Quels sont les trois noms qui désignent tout particulièrement l'empereur Néron ?

2 / Observez la généalogie de Néron : d'où lui vient le dénomination de "Germanicus" ?

3 / Quels sont les trois titres qui reviennent systématiquement dans la dénomination des empereurs romains  ? Cherchez l'origine de chacun de ces titres.

4/ Trouvez les équivalents grecs des noms latins de l'empereur.

 

Document n°4 : Les grandes phrases de Néron

Alors qu'il savait sa mort proche il répéta :

Qualis artifex pereo !

Quel artiste meurt avec moi !

puis entendant les cavaliers venus le chercher, il aurait dit ces vers d'Homère (Caïus Suétonius Tranquillus, Vita Neronis, chapitre XLIX ) :

Ἵππων μ'ὠκυπόδων ἀμφὶ κτύπος οὔατα βάλλει (Homère, Iliade, X, 535)

Le galop des chevaux aux pieds rapides frappe mes oreilles

 

Document n°5 : Jugement de Montesquieu sur Néron

[...] Caligula, Néron, Commode, Caracalla, étaient regrettés du peuple à cause de leur folie même : car ils aimaient avec fureur ce que le peuple aimait, et contribuaient de tout leur pouvoir, et même de leur personne, à ses plaisirs ; ils prodiguaient pour lui toutes les richesses de l’Empire, et, quand elles étaient épuisées, le peuple voyant sans peine dépouiller toutes les grandes familles, il jouissait des fruits de la tyrannie, et il en jouissait purement, car il trouvait sa sûreté dans sa bassesse. De tels princes haïssaient naturellement les gens de bien : ils savaient qu’ils n’en étaient pas approuvés. Indignés de la contradiction ou du silence d’un citoyen austère, enivrés des applaudissements de la populace, ils parvenaient à s’imaginer que leur gouvernement faisait la félicité publique, et qu’il n’y avait que des gens malintentionnés qui pussent le censurer.

MONTESQUIEU

 

Document n°6 : TACITE et la tragédie de RACINE Britannicus

Seconde préface de Britannicus, 1676 :

J'avais copié mes personnages d'après le plus grand peintre de l'Antiquité, je veux dire d'après Tacite. Et j'étais alors si rempli de la lecture de cet excellent historien, qu'il n'y a presque pas un trait éclatant dans ma tragédie dont il ne m'ait donné l'idée. J'avais voulu mettre dans ce recueil un extrait des plus beaux endroits que j'ai tâché d'imiter ; mais j'ai trouvé que cet extrait tiendrait presque autant de place que la tragédie. Ainsi le lecteur trouvera bon que je le renvoie à cet auteur, qui aussi bien est entre les mains de tout le monde ; et je me contenterai de rapporter ici quelques-uns de ses passages sur chacun des personnages que j'introduis sur la scène.

Pour commencer par Néron, il faut se souvenir qu'il est ici dans les premières années de son règne, qui ont été heureuses, comme l'on sait. Ainsi il ne m'a pas été permis de le représenter aussi méchant qu'il a été depuis. Je ne le représente pas non plus comme un homme vertueux ; car il ne l'a jamais été. Il n'a pas encore tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs ; mais il a en lui les semences de tous ces crimes. Il commence à vouloir secouer le joug. Il les hait les uns et les autres, et il leur cache sa haine sous de fausses caresses : factus natura velare odium fallacibus blanditiis. En un mot, c'est ici un monstre naissant, mais qui n'ose encore se déclarer, et qui cherche des couleurs à ses méchantes actions : hactenus Nero flagitiis et ceteribus velamenta quaesivit. Il ne pouvait souffrir Octavie, princesse d'une bonté et d'une vertu exemplaires, fato quodam, an quia praevalent illicita ; metuebaturque ne in stupra feminarum illustrium prorumperet.

Je lui donne Narcisse pour confident. J'ai suivi en cela Tacite, qui dit que Néron porta impatiemment la mort de Narcisse, parce que cet affranchi avait une conformité merveilleuse avec les vices du prince encore cachés : cujus abditis adhuc vitiis mire congruebat. Ce passage prouve deux choses. Il prouve que Néron était déjà vicieux, mais qu'il dissimulait ses vices, et que Narcisse l'entretenait dans ses mauvaises inclinations.

J'ai choisi Burrhus pour opposer un honnête homme à cette peste de cour ; et je l'ai choisi plutôt que Sénèque. En voici la raison. Ils étaient tous deux gouverneurs de la jeunesse de Néron, l'un pour les armes, l'autre pour les lettres ; et ils étaient fameux, Burrhus pour son expérience dans les armes et pour la sévérité de ses moeurs, militaribus curis et severitate morum ; Sénèque pour son éloquence et le tour agréable de son esprit, Seneca praeceptis eloquentiae et comitate honesta. Burrhus, après sa mort, fut extrêmement regretté à cause de sa vertu : civitati grande desiderium ejus mansit per memoriam virtutis.

Toute leur peine était de résister à l'orgueil et à la férocité d'Agrippine, quae, cunctis male dominationis cupidinibus flagrans, habebat in partibus Pallantem. Je ne dis que ce mot d'Agrippine ; car il y aurait trop de choses à en dire. C'est elle que je me suis surtout efforcé de bien exprimer, et ma tragédie n'est pas moins la disgrâce d'Agrippine que la mort de Britannicus. Cette mort fut un coup de foudre pour elle ; et «il parut, dit Tacite, par sa frayeur et sa consternation, qu'elle était aussi innocente de cette mort qu'Octavie ; Agrippine perdait en lui sa dernière expérience, et ce crime lui en faisait craindre un plus grand : sibi supremum auxilium ereptum, et parricidii exemplum intelligebat».

L'âge de Britannicus était si connu, qu'il ne m'a pas été permis de le représenter autrement que comme un jeune prince qui avait beaucoup de coeur, beaucoup d'amour et beaucoup de franchise, qualités ordinaires d'un jeune homme. Il avait quinze ans, et on dit qu'il avait beaucoup d'esprit, soit qu'on dise vrai, ou que ses malheurs aient fait croire cela de lui, sans qu'il ait pu en donner des marques : neque segnem ei fuisse indolem ferunt ; sive verum, seu periculis commendatus retinuit famam sine experimento.

Il ne faut pas s'étonner s'il n'a auprès de lui qu'un aussi méchant homme que Narcisse. Car il y avait longtemps qu'on avait donné ordre qu'il n'y eût auprès de Britannicus que des gens qui n'eussent ni foi ni honneur : nam, ut proximus quisque Britannico neque fas neque fidem pensi haberet olim provisum erat.

Il me reste à parler de Junie. Il ne la faut pas confondre avec une coquette qui s'appelait Junia Silana. C'est ici une autre Junie, que Tacite appelle Junia Calvina, de la famille d'Auguste, soeur de Silanus â qui Claudius avait promis Octavie. Cette Junie était jeune, belle, et, comme dit Sénèque, festivissima omnium puellarum. Son frère et elle s'aimaient tendrement ; et leurs ennemis, dit Tacite, «les accusèrent tous deux d'inceste, quoiqu'ils ne fussent coupables que d'un peu d'indiscrétion». Elle vécut jusqu'au règne de Vespasien.

Je la fais entrer dans les Vestales, quoique, selon Aulu-Gelle, on n'y reçut jamais personne au-dessous de six ans ni au-dessus de dix. Mais le peuple prend ici Junie sous sa protection, et j'ai cru qu'en considération de sa naissance, de sa vertu et de son malheur, il pouvait la dispenser de l'âge prescrit par les lois, comme il a dispensé de l'âge pour le consulat tant de grands hommes qui avaient mérité ce privilège.

RACINE

Extraits de la tragédie de Racine "Britannicus" évoquant le sort d'Octavie :

ACTE II, scène 2

NERON
Tout : Octavie, Agrippine, Burrhus,
Sénèque, Rome entière, et trois ans de vertus.
Non que pour Octavie un reste de tendresse
M'attache à son hymen et plaigne sa jeunesse.
Mes yeux, depuis longtemps fatigués de ses soins,
Rarement de ses pleurs daignent être témoins
Trop heureux si bientôt la faveur d'un divorce
Me soulageait d'un joug qu'on m'imposa par force !
Le ciel même en secret semble la condamner :
Ses voeux, depuis quatre ans, ont beau l'importuner,
Les Dieux ne montrent point que sa vertu les touche :
D'aucun gage, Narcisse, ils n'honorent sa couche;
L'Empire vainement demande un héritier.

NARCISSE
Que tardez-vous, Seigneur, à la répudier ?
L'Empire, votre coeur, tout condamne Octavie.
Auguste, votre aïeul, soupirait pour Livie :
Par un double divorce ils s'unirent tous deux;
Et vous devez l'Empire à ce divorce heureux.
Tibère, que l'hymen plaça dans sa famille,
Osa bien à ses yeux répudier sa fille.
Vous seul, jusques ici contraire à vos désirs,
N'osez par un divorce assurer vos plaisirs.

NERON
Et ne connais-tu pas l'implacable Agrippine ?
Mon amour inquiet déjà se l'imagine
Qui m'amène Octavie, et d'un oeil enflammé
Atteste les saints droits d'un noeud queue a formé,
Et portant à mon coeur des atteintes plus rudes,
Me fait un long récit de mes ingratitudes.
De quel front soutenir ce fâcheux entretien ?

ACTE III, scène 4

AGRIPPINE
Quoi! tu ne vois donc pas jusqu'où l'on me ravale,
Albine ? C'est à moi qu'on donne une rivale.
Bientôt, si je ne romps ce funeste lien,
Ma place est occupée, et je ne suis plus rien.
Jusqu'ici d'un vain titre Octavie honorée,
Inutile à la cour, en était ignorée.
Les grâces, les honneurs par moi seule versés
M'attiraient des mortels les voeux intéressés.
Une autre de César a surpris la tendresse :
Elle aura le pouvoir d'épouse et de maîtresse.
Le fruit de tant de soins, la pompe des Césars,
Tout deviendra le prix d'un seul de ses regards.
Que dis-je ? l'on m'évite, et déjà délaissée...
Ah! je ne puis, Albine, en souffrir la pensée.
Quand je devrais du Ciel hâter l'arrêt fatal,
Néron, l'ingrat Néron... Mais voici son rival.


Responsable pédagogique et contact FR : Guy Cherqui

Auteur et éditrice de la leçon : Véronique Mestre Gibaud

Dernière mise à jour : août 2007